Site archéologique de Tiwanaku, Bolivie

Bolivie : la mystérieuse civilisation de Tiwanaku

C’est près du lac Titicaca en Bolivie, à 3800 mètres d’altitude, que se développa la civilisation de Tiwanaku. Née sur les rives de ce lac mythique vers 300 avant notre ère, Tiwanaku fut pendant dix siècles une grande civilisation andine. Parmi les vestiges que ce peuple laissa derrière lui, se trouve un imposant complexe religieux situé près de la frontière péruvienne, le site de Tiwanaku.

Le temps et les hommes n’ont pas été tendres avec les ruines de Tiwanaku. Battues par les vents déferlant dans une plaine aride et désertique, ensevelies ou tout simplement volées, les pierres de Tiwanaku ont difficilement survécu. Malgré tout, ce site archéologique dévoile une finesse et une complexité architecturale qui le rendent aussi admirable que fascinant. Ses constructions alignées avec les solstices et équinoxes, des parois aussi lisses que du papier, la capacité de Tiwanaku à prospérer sur un territoire pourtant peu clément et la présence de pierres perturbant les boussoles, donnent en effet à Tiwanaku toute une aura de mystère. Qui était ce peuple qui fascina les Incas, les chroniqueurs espagnols et qui intrigue encore aujourd’hui de nombreux archéologues et visiteurs?

Une civilisation pré-inca

Nous nous trouvons devant les portes closes du site de Tiwanaku peu avant son ouverture. A 9 heures, les portes s’ouvrent enfin. Nous sommes pour l’heure les seuls visiteurs. S’offre devant nos yeux le spectacle de vastes ruines éparpillées sur une terre rouge et aride, recouverte de touffes d’herbe desséchée. Cela faisait si longtemps que nous rêvions de voir Tiwanaku. Malgré leur aspect désolé, ces vestiges sont intimidants et nous font sentir la présence tenace de ce qui fut autrefois une grande civilisation.

La civilisation de Tiwanaku se développa entre – 300 avant notre ère et 1200. L’archéologue Carlos Ponce propose une chronologie alternative, débutant avec l’époque archaïque, entre 1580 et 150 avant J.C. Selon lui, la formation de l’état de Tiwanaku apparaîtrait vers 150 avant notre ère. Enfin, l’expansion impériale aurait eu lieu entre le IVème siècle et le VIIIème siècle.

Marché de Chinchero, Pérou. Tubercules et maïs.

A son apogée, l’empire de Tiwanaku couvrait 600 000 kilomètres carrés. Son territoire englobait l’altiplano du lac Titicaca, une partie de l’actuelle Bolivie et le Nord du Chili. Ce vaste territoire possédait ainsi différents types de climats et de ressources ce qui permit une diversification de la production agricole. Sa capitale était Tiwanaku. Les historiens estiment que Tiwanaku s’étendait sur 600 hectares et aurait pu rassembler près de 30 000 à 40 000 habitants à son apogée.

Le site de Tiwanaku se situe à une altitude de 3800 mètres au dessus du niveau de la mer, en faisant un territoire hostile et peu propice à l’agriculture. Le niveau d’oxygène y est en effet plus faible. Pourtant, les habitants de Tiwanaku trouvèrent les moyens de s’alimenter. Ils se nourrissaient d’alpacas, de poissons et développèrent un ingénieux système agricole reposant essentiellement sur la culture du quinoa, de la pomme de terre et de l’oca, un autre type de tubercule.

Les agriculteurs inondaient des canaux jouxtant les surfaces agricoles. L’eau se réchauffait la journée puis libérait la chaleur sous forme de vapeur à la nuit tombée. L’eau agissait ainsi comme une sorte de régulateur thermique pendant la nuit, empêchant que les cultures ne gèlent. Cette technique porte le nom de  »Waru Waru » et permit à la population de s’accroître.

Vue sur le site de Tiwanaku, cour principale.

L’architecture de Tiwanaku

L’expansion impériale est également l’époque du développement architectural, rendu possible par l’évolution des techniques hydrauliques pour l’agriculture. En effet, une société capable de générer des excédents de production de nourriture, peut se permettre d’allouer de la main d’oeuvre pour construire des temples et des monuments. C’est ce qui se passa à Tiwanaku, la capitale de l’empire, aujourd’hui située en Bolivie.

L’immensité du site et les énormes blocs de pierre utilisés pour la construction des temples contribuent à faire de Tiwanaku un extraordinaire site archéologique. Des blocs de plusieurs tonnes et d’une incroyable finesse et douceur au touché étaient assemblés à l’aide d’agrafes en métal. Une technique qui sera également utilisée par les Incas des siècles plus tard. Sur la photo ci-dessous, vous pouvez voir une forme en ‘T’ sculptée dans la pierre. Une attache en bronze y était insérée, permettant de lier les blocs.

Les blocs de pierre étaient attachés grâce à un système d’agrafes en bronze.

Le site possédait également un système de drainage et de canalisation. Cela permettait d’évacuer les eaux et d’éviter que les temples soient inondés. S’ajoutait à cela une possible dimension symbolique. L’eau qui s’écoulait des temples pour aller rejoindre les vallées alentours, était une eau sacrée, purifiée, voire même fertile.

Les ruines de Tiwanaku ont révélé une imposante pyramide de 20 mètres de haut, Akapana. En contre-bas de la pyramide, se trouve un étrange temple souterrain orné d’une centaine de visages sculptés. Deux immenses cours, des tombes ainsi que de nombreuses statues ont également été mises au jour. Mal conservé et réduit à l’état de ruines restaurées mais partiellement excavées, le site dégage pourtant une aura de puissance et l’on peut presque palper la gloire passée de ce complexe religieux.

Imposants murs ceignant la cour Kalasasaya

La Pyramide Akapana

D’une hauteur de 18 mètres, la pyramide s’étale sur 200 mètres de long. Son pauvre état de conservation demande un effort d’imagination pour y voir une pyramide. A son sommet, un vent glacial fouette le visage des visiteurs néanmoins récompensés par la vue imprenable sur la vallée qui entoure le site. Aux pieds de la pyramide, s’étendent des plaines désolées, parsemées d’herbe jaune, de rocailles et de champs épargnés par la rudesse du climat.

La pyramide est constituée de sept terrasses en escalier. Le chiffre 7 semblait avoir une place importante dans l’architecture de Tiwanaku. Tout comme la pyramide, les escaliers du site possèdent en effet sept marches. La pyramide avait la forme d’une demi-croix andine. Le motif de la croix andine, ‘Chakana‘ se retrouve très fréquemment sur le site de Tiwanaku, sculpté dans les blocs de pierre (voir photo).

Il est possible que la pyramide était dédiée au culte du monde d’en haut, Alaxpacha, où vivaient les êtres célestes ; le soleil, la lune, les étoiles et les divinités contrôlant la pluie et la foudre. Se trouvait à son sommet un large bassin d’eau où se reflétaient le ciel et les étoiles, servant probablement d’observatoire astronomique.

Vestiges de la pyramide Akapana, Tiwanaku, Bolivie
Croix andines, blocs de pierre sur le site de Tiwanaku.

La cour de Kalasasaya

Monolithe Ponce, cour de Kalasasaya, Tiwanaku.

La cour principale de Tiwanaku se nomme Kalasasaya. L’entendue de ce large espace cerné d’immenses blocs de pierres nous contraint au respect et à l’humilité.

Cet espace rectangulaire mesure en effet 130 mètres sur 120 mètres. Au centre, trône la statue Ponce (du nom de l’archéologue qui la découvrit). Ce monolithe a l’étrange apparence d’un totem. Il est l’une des nombreuses statues de ce type retrouvées à Tiwanaku et aujourd’hui exposées au musée du site archéologique. La plus grande statue atteint sept mètres de hauteur.

Figures humaines aux cheveux longs, leur coiffure est très élaborée. Sur leur visage, semble couler des larmes. Ces intrigantes statues sont parées de riches vêtements et ornements. Elles tiennent dans leurs mains ce qui pourrait être un sceptre et un Quero, vase cérémoniel, symboles de pouvoir divin et terrestre.

Un détail frappe lorsqu’on les regarde. Leurs bras ne sont pas symétriques. Ces statues semblent en réalité avoir deux bras gauches. Représentent-elles des dieux de Tiwanaku ? Des prêtres ou des dirigeants de Tiwanaku ? Ou bien s’agit-il de la Pachamama, déesse de la terre encore aujourd’hui vénérée dans la région du lac Titicaca, comme certains théoriciens le pensent ? Rien ne permet aujourd’hui d’en être certain.

On sait en revanche que la cosmologie jouait un rôle essentiel à Tiwanaku. En effet, cet immense complexe religieux était orienté de manière à être aligné avec les solstices et équinoxes. C’est également dans cette cour que se dresse la fameuse porte du soleil.

L’ordre cosmique chez les civilisations andines

Les peuples andins divisaient le monde en trois catégories : Alaxpacha, le monde d’en haut habité par les dieux comme le soleil et la lune, Akapacha, le monde intermédiaire habité par les hommes et animaux et Manqha Pacha, le monde souterrain. Ce monde d’en bas était également habité par des divinités veillant à la fertilité du sol, protégeant les racines et les métaux précieux. Parmi les divinités vivant dans le sous-sol, se trouvait Katari, un serpent contrôlant les eaux et pouvant se transformer en rayon montant jusqu’au ciel pour faire tomber la pluie.

La porte du Soleil et les tombes mégalithiques

Une étrange porte en forme de U inversé se dresse dans la cour Kalasasaya. Elle parait esseulée, comme abandonnée au milieu de cette large cour à ciel ouvert. Cet isolement masque presque sa taille pourtant imposante. La porte du Soleil fut en effet réalisée à partir d’un seul bloc de pierre de 10 tonnes. Elle mesure 3 mètres de hauteur et 4 mètres de large. Son nom et son emplacement actuel ne sont pas d’origine. Par ailleurs, ses parois partiellement décorées lui donne l’impression d’être inachevée. Il est ainsi probable que la porte n’ait jamais rempli la fonction qui lui était destinée, étant donné que le bloc de pierre se brisa.

Porte du soleil de Tiwanaku. Se trouve en son centre le ‘dieu au bâton’ entouré d’hommes condors.

En haut de la porte du Soleil, domine une figure qui était sans doute une ou la divinité principale de Tiwanaku, le dieu aux bâtons. Le personnage semble en effet tenir un bâton dans chacune de ses mains, probablement symbole de pouvoir. Des rayons solaires paraissent également émaner de sa tête. Ce dieu fut longtemps associé au dieu inca Viracocha, peut-être par les Incas eux-mêmes qui avaient connaissance du site. Dans la mythologie inca, ce dieu suprême, était le créateur du monde. Il aurait émergé des eaux du lac Titicaca. Sur la porte du soleil, le dieu est accompagné de multiples petits personnages. Hommes à tête de condor, puma et poissons dont la signification reste inconnue.

La présence de différentes portes laisse penser que les rituels reposaient sur des parcours sacrés au sein du sanctuaire. La découverte de tubes à inhaler et de spatules vomitives indique également que les prêtres se servaient de substances hallucinogènes.

Le temple de Kalasasaya abrite un autre trésor. Des tombes mégalithiques appartenant probablement aux dirigeants ou prêtres de Tiwanaku. Des momies furent retrouvées avec des céramiques et des bijoux. Elles étaient en position foetale, prêtes à renaître. Toutes n’ont cependant pas encore été ouvertes. Il est possible que Kalasasaya put aussi servir de palais pour l’élite dirigeante.

Le temple souterrain et ses mystérieuses têtes sculptées

A quelques pas seulement de la cour Kalasasaya, se trouve un intrigant temple souterrain, aujourd’hui à ciel ouvert. Ce temple souterrain ajoute au mystère de Tiwanaku. En effet, 175 têtes sculptées ornent ses murs. Or ces têtes ont non seulement des traits uniques mais semblent aussi représenter des personnes de différentes régions. Certaines sont mêmes zoomorphes. On y voit ainsi une tête de poisson et de puma.

Il est possible que la plupart de ces têtes représentaient des gouverneurs, des membres de l’élite ou des personnes ayant joué un rôle clé dans l’histoire de Tiwanaku. L’empire s’étant étendu sur différentes régions, cela expliquerait la diversité représentée sur les murs du temple. Ces différentes caractéristiques physiques et multi-ethniques se retrouvent d’ailleurs sur les poteries mises au jour à Tiwanaku. Des vases anthropomorphes nous montrent des visages tantôt moustachus, imberbes, ou au nez et oreilles percées.

Au centre du temple, se dresse une étrange statue dont le visage semble orné d’une moustache, chose peu commune chez les civilisations pré-hispaniques. Sur le côté, se dessine la forme d’un gigantesque serpent. Ce temple rendait peut-être culte aux ancêtres ou aux dirigeants de Tiwanaku. Il est aussi possible que le temple souterrain était dédié au Manqha Pacha, soit le monde souterrain où vivaient les divinités protectrices des racines, semences et des eaux, dont Katari le dieu serpent.

Pumapumku

A plusieurs centaines de mètres, gisent les ruines de Pumapunku (signifiant ‘’porte du Puma’’). Nous quittons les vestiges de Kalasasaya, où un vent de plus en plus fort s’acharne contre nous, pour nous rendre sur le site de Pumapumku.

L’édifice principal du site est une pyramide de trois niveaux, large de 167 mètres et longue de 117 mètres. Les blocs de pierre étaient assemblés à l’aide d’agrafes en cuivre. Reposent autour de la pyramide, d’étranges blocs de pierres gris foncés, en forme de ‘H’. Désordonnés, debout ou allongés, ils gisent dans une véritable pagaille. Leurs parois lisses comme des murs modernes sont extrêmement douces au touché. Ces ruines sont si étranges qu’elles alimentent les théories des anciens astronautes, des extra-terrestres ayant visité la terre et partagé leur technologie avec les humains. Les archéologues savent très peu de choses sur ces pierres. Je n’ai d’ailleurs trouvé que peu d’information au cours de mes recherches.

Ruines de Pumapumku, Bolivie. Etranges blocs en forme de ‘H’

La fin de la civilisation Tiwanaku

Comme toutes civilisations, Tiwanaku allait disparaître. Sa perte de pouvoir commença dans le nord du territoire vers 900 ans. Puis, la fin de l’empire serait survenue au XIIème siècle. Une importante sécheresse en serait la ou l’une des causes. La sécheresse aurait frappé l’altiplano vers 1100. Elle aurait même été jusqu’à causer une diminution du lac Titicaca.

Des dizaines de restes humains et de lamas ont été retrouvés en haut de la pyramide Akapana. Peut-être furent-ils sacrifier pour apaiser les dieux. Quoi qu’il en soit, il est probable que la catastrophe ait gravement endommagé le pouvoir politique et religieux de Tiwanaku, impuissant devant le phénomène naturel et la famine de son peuple. L’anarchie succède alors au pouvoir étatique.

Enfin, aux difficultés climatiques, auraient pu s’ajouter des difficultés militaires. A la même période, une autre civilisation s’était développée dans le sud des Andes, les Waris. Si les relations entre les deux civilisations demeurent incertaines, il semblerait pourtant qu’elles se soient à la fois influencées et affrontées. Des conflits avec les Waris auraient aussi pu affaiblir Tiwanaku.

Vue du monolithe ponce depuis le temple souterrain. Trône en son centre, une obélisque ornée d’une figure moustachue et d’un serpent.

Les Incas fascinés par Tiwanaku

Tiwanaku semble avoir fasciné à la fois les Incas et les Espagnols. Le site est ainsi mentionné dans les chroniques espagnoles. Au XVIème siècle, Pedro Cieza de Leon indique que selon les habitants de la région, ces ruines étaient l’oeuvre d’une civilisation pré-incas.

Parmi les têtes du temple souterrain, une fascine particulièrement les théoriciens des anciens astronautes. Il s’agit de ce visage qui ressemble vaguement à celui d’un alien.

Pachacutec, lui-même, l’un des plus grands empereurs incas, ne put que montrer son admiration devant ces ruines mystérieuses. Cet empereur s’inspira d’ailleurs de l’architecture de Tiwanaku pour les constructions de sa capitale, Cusco

L’importance de Tiwanaku alla jusqu’à s’inscrire dans la mythologie inca. En effet, Viracocha, le dieu créateur de l’univers, est fortement lié au lac Titicaca, d’où il émergea, et à Tiwanaku. Le dieu créa un premier monde peuplé de géants. Déçu de sa création lui ayant désobéi, il la punit en provoquant un déluge. Seul un homme et une femme survécurent. Ils furent emportés par les eaux au royaume de Viracocha, à Tiwanaku.   

Mais Tiwanaku était déjà en ruine du temps de l’empire Incas. Les siècles suivants n’allaient pas améliorer son état. Les constructions de Tiwanaku connurent le sort de nombreux monuments incas ou pré-incas pendant la conquête espagnole. Leurs pierres furent ré-utilisées pour la construction d’églises et de maisons. Ainsi, l’église qui se dresse dans le village de Tiwanaku fut construite à l’aide des pierres des anciens temples.

Village de Tiwanaku. Des pierres du site de l’antique Tiwanaku furent ré-utilisées pour la construction de l’église.

Nous quittons le site archéologique où le vent souffle de plus en plus fort. Le sable et la poussière nous fouettent le visage. Sur le chemin du retour, nous voyons des poteaux électriques couchés sur le sol.

A notre arrivée à la frontière bolivo-péruvienne, nous apprenons que ces poteaux déracinés ont provoqué une coupure d’électricité des deux côtés de la frontière. Le poste de contrôle est plongé dans l’obscurité et ne peut faire la photocopie de nos passeports faute d’électricité. Ironiquement, nous avons alors dû passer la frontière pour nous rendre dans la partie péruvienne de la ville et y faire les photocopies dans un centre commercial décrépi. Nous pûmes alors revenir au poste de contrôle, obtenir notre tampon et re-traverser, cette fois officiellement, la frontière pour le Pérou.

Je laissai derrière moi les images envoûtantes et troublantes de Tiwanaku et de Pumapumku. Nous longeons une dernière fois les rives du lac Titicaca avant de nous rendre dans la vallée sacrée sur les traces des Incas, à Cusco, Pisac, Ollantaytambo et bien sûr, au Machu Picchu.

Iles Uros faites de roseau flottant, la totora. Lac Titicaca, Pérou

Pour en savoir plus, je vous conseille (en français et en espagnol):

Pérou préhispanique, du peuplement jusqu’aux Incas‘, Milosz Giersz et Patrycja Przadka Giersz

Cités disparues, les grandes métropoles de l’antiquité‘, Maria Teresa Guatoli et Simone Rambaldi.

Sites archéologiques, le patrimoine mondial de l’Unesco’, Marco Cattaneo, Jasmina Triponi

Mythologies du Monde’, Roy Willis

Tesoros sagrados de Tiwanaku‘, Carmelo Corzón Medina

Las culturas del Perú Antiguo‘, Luis Felipe Villacorta Ostola