10 découvertes archéologiques marquantes en 2019

1 Janvier 2020 – En ce début d’année 2020, je vous propose de revenir sur les découvertes archéologiques qui ont marqué l’année 2019 à travers le monde. L’Egypte n’en finit ainsi pas de nous fasciner tandis que le Pérou continue de nous livrer de nouveaux géoglyphes Nazca. En France, les archéologues de l’Inrap (Institut national de l’archéologie préventive) nous ont plongé dans l’antiquité romaine, gauloise et nous ont même fait remonter le temps jusqu’au Paléolithique.

1. Découverte d’une Vénus paléolithique à Amiens

© Inrap

C’est sur le site préhistorique de Renancourt, à Amiens, que les archéologues de l’Inrap ont mis au jour une exceptionnelle « Vénus » de 23 000 ans. Il s’agit de la quinzième statuette découverte sur ce site qui fut peut-être un atelier destiné à leur production.

Sculptée dans la craie, haute de 4 centimètres, cette « Vénus » présente les mêmes caractéristiques physiques que les autres Vénus découvertes en France, Autriche et même Sibérie : le volume du fessier, des cuisses et des seins est hypertrophié. Les bras sont juste esquissés, le visage représenté sans traits. Cette sculpture s’inscrit dans un canon esthétique, la tradition stylistique gravettienne.

Daté par carbone 14 de 21 000 ans avant notre ère, ce site est l’un des rares témoignages de la présence de l’Homo sapiens au début du Paléolithique supérieur dans le nord de la France. La diversité et l’abondance des vestiges témoignent des diverses activités pratiquées dans ce campement de chasseurs. Parmi les nombreux silex, des pointes de projectile sont destinées à la chasse, tandis que de grandes lames sont transformées en outils : couteaux, grattoirs, etc. En pleine période glaciaire, ce campement de chasseurs aurait été occupé quelques semaines, à la fin de la belle saison, vers l’automne.

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2. Impressionnante nécropole antique découverte à Narbonne

Bouteilles en verre, trouvées avec les restes osseux brûlés d’un défunt dans un coffre en pierre
© Denis Gliksman, Inrap

Cette nécropole mise au jour par l’Inrap est exceptionnelle par sa taille et son état de conservation. En effet, l’espace funéraire occupait 2000 m2. Près de 300 tombes y ont été identifiées mais le site pourraient abriter jusqu’à un millier de sépultures. 

Les sépultures sont majoritairement des crémations. Les archéologues ont retrouvé de nombreux bûchers, des ossements brûlés accompagnés de cruches en verre ou en céramique, parfois associées à des vases à parfum et des lampes. Ces récipients témoignent de l’importance des offrandes de liquides et de parfum en l’honneur du défunt. Des fruits carbonisés (notamment des dattes et des figues), des objets personnels (objets de parure, de toilette…) ont aussi été découverts. Ces tombes appartenaient à des personnes modestes, d’origine essentiellement italienne.

À l’issue de la conquête romaine de 125 avant notre ère, la ville de Narbonne fut la première colonie de Rome implantée en Gaule. Narbonne était aussi une ville florissante, l’un des plus grands ports de Méditerranée occidentale. 

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3. Découvertes des intrigants cônes de tête en Egypte 

CRÉDITS: LEEMAGE / AFP

Vous vous êtes peut-être déjà demandé en regardant des bas-reliefs égyptiens, à quoi servaient ces étranges ‘’cônes de tête’’ disposés sur les chevelures des personnages. La découverte de deux de ces cônes dans une sépulture donne une réponse partielle.  

Ces cônes sont souvent représentés sur les parois des temples et tombeaux du Nouvel Empire (1549 avant notre ère). Or deux corps (une jeune femme et un adolescent) de 3300 ans viennent d’être mis au jour sur le site d’el-Amarna, la cité fondée par Akhénaton, le pharaon hérétique. Ces squelettes ont été retrouvés ornés de ces fameux cônes.   

Selon les résultats récemment publiés par l’archéologue Anna Stevens, ces étranges coiffes étaient faites de cire d’abeille. Il est possible que les cônes servaient de purificateur en « fondant » sur la tête de leur propriétaire. Les dépouilles retrouvées étant d’origine modeste, cela implique que ces cônes n’étaient pas réservés à l’élite. 

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4. 30 nouvelles momies découvertes en Egypte 

© Egyptian Ministry of Antiquities

L’Egypte semble être un réservoir inépuisable de sépultures. 30 sarcophages vieux de 3000 ans viennent de resurgir du sable près de Luxor. Très bien conservés, ces sarcophages abritent 23 hommes adultes, 5 femmes et deux enfants. 

Une analyse des sarcophages et de leur momie devra permettre d’en savoir plus sur l’identité des défunts et le type de vie qu’ils menaient. En savoir plus sur Livescience

5. Un temple englouti par les eaux découvert en Egypte

© Christoph Gerigk/Hilti Foundation/Egypt Ministry of Antiquities

Lorsque les vestiges ne sont pas sous le sable d’Egypte, ils reposent dans ses eaux. Des plongeurs viennent de découvrir un temple dans la cité engloutie Heracleion, une ancienne mégalopole construite vers le VIIIème siècle avant J.C. La ville disparut sous les eaux il y a environ 1500 ans. 

Redécouverte en 2000, Heracleion a livré de nombreux vestiges. La dernière trouvaille est un vaste temple et ses colonnes qui gisaient sous une couche sédimentaire d’un mètre d’épaisseur. Il fut identifié à l’aide d’un scanner qui révéla également les vestiges d’un bateau. 

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6. Les plus anciennes peintures rupestres au monde mises au jour en Indonésie

La découverte bouleverse tout ce que nous savions des origines de l’art de rupestre. Alors que les plus anciennes peintures avaient été découvertes en Europe, lui conférant la paternité de l’art rupestre, de plus anciennes viennent d’être identifiées en Indonésie. Ces peintures pariétales n’ont pas moins de 40 000 ans, soit environ le même âge que les peintures rupestres des grottes françaises et espagnoles. 

Les peintures ont été découvertes dans des grottes sur l’île de Sulawesi, près de Bornéo. Elles étaient situes sur les premières routes migratoires menant à l’Australie. Les paléontologues ont daté douze empreintes de mains et deux formes animales. La plus ancienne est une empreinte de 39 900 ans réalisée avec la technique de pulvérisation d’un pigment en poudre sur une main apposée contre la paroi. Il semblerait ainsi que cette technique ait été simultanément inventée sur les deux continents! Ou est-il possible que leurs ancêtres communs pratiquaient déjà la peinture murale avant de quitter l’Afrique? 

L’un des animaux représenté est un babiroussa, une sorte de cochon-cerf. Il serait vieux de 35 400 ans, en faisant le plus vieil animal peint puisque l’animal européen le plus ancien fut découvert dans la grotte Chauvet et daterait de 32 410 ans.

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7. Une mégalopole de l’âge de bronze découverte en Israël 

© Isreal Antiquities Authority

Les archéologues ont mis au jour une impressionnante cité de l’âge de bronze, vieille d’environ 5000 ans, au nord de Tel Aviv. Cette cité était d’une taille imposante pour l’époque et aurait pu abriter près de 6000 habitants. 

La ville était dotée de fortifications, de ce qui semble être des zones résidentielles, des espaces publics et des rues. Parmi les vestiges découverts, les archéologues ont excavé des millions de fragments de poterie, de la vaisselle, un vaste temple abritant des os d’animaux et des figurines. 

‘’Il s’agit d’une vaste ville, une mégalopole de l’âge de bronze où des milliers d’habitants vivaient de l’agriculture et du commerce avec différentes régions et même différents royaumes’’ Itai Elad, Yitzhak Paz and Dina Shalem, directeurs de l’excavation. 

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8. Cambodge : les lasers confirment la présence d’une des premières capitales de l’empire khmer 

Tours à quatre visages du temple Bayon - Angkor Thom - Jayavarma VII
Tours à quatre visages du temple Bayon – Angkor Thom – Jayavarma VII

Au IXème siècle, le roi Khmer Jayavarma II (802-850), établit sa capitale dans la région d’Angkor. Il est à ce titre considéré comme le fondateur de la célèbre ville d’Angkor située au Cambodge. Le roi fonda sa capitale à une dizaine de kilomètres de l’actuelle Angkor, sur le site de Roluos, anciennement appelé Mahendraparvata.  

Une équipe de chercheurs vient d’achever une étude complète révélant l’étendue de Mahendraparvata. Cette étude vient d’être complétée par un second balayage laser réalisé sous la direction de Damian Evans de l’École Française d’Extrême-Orient (EFEO) et de l’autorité cambodgienne de l’APSARA.

L’étude met en lumière une vaste ville organisée en quadrillage. Des vestiges de temples et de systèmes de distribution de l’eau ont également été mis au jour. Cette organisation urbaine complexe montre la puissance du pouvoir sous Jayavarma II, bien avant la naissance des grands temples d’Angkor que nous connaissons bien aujourd’hui: Angkor Wat et Angkor Thom.

En savoir plus sur la naissance d’Angkor ici et sur la cartographie de Mahendraparvata sur Sciences et Avenir

9. Mur antique de 115 kilomètres découvert en Iran

Des archéologues ont identifié les vestiges d’un mur de pierre de 115 kilomètres en Iran, soit l’équivalent en longueur du mur d’Hadrien en Angleterre. Des poteries retrouvées le long du mur indiquent qu’il aurait été construit entre le IVème siècle avant notre ère et le VIème siècle. 

Pour l’heure, les archéologues ne savent pas si la fonction du mur était défensive ou symbolique, servant à délimiter une frontière. Il est possible que la muraille marquait la frontière d’un ancien empire, peut-être celui des Parthes (247 avant notre ère – 224) ou des Sassanides (224 avant notre ère – 651). 

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10. Nazca, Pérou: un nouveau géoglyphe découvert grâce à l’A.I. 

Géoglyphe nouvellement découvert à Nazca - Image: © IBM
Géoglyphe nouvellement découvert à Nazca – Image: © IBM

L’exceptionnel site de Nazca célèbre pour ses géoglyphes vus du ciel, vient de livrer de nouvelles lignes semblant représenter un humanoïde doté d’une coiffe et tenant un bâton.

Cette découverte vient s’ajouter aux 142 lignes (datées entre 100 avant J.C et 300 après J.C) mises au jour par l’équipe de Masato Sakai depuis 2006. Mais cette fois-ci, les scientifiques ont fait appel à l’intelligence artificielle en utilisant le ‘Watson Machine Learning Accelerator’ d’IBM.

Après avoir analysé l’ensemble des lignes connues ainsi que les données collectées par le Lidar (puissante technologie laser permettant d’identifier ce qui ne peut être vu à l’oeil nu), ce programme d’intelligence artificielle a pu détecter des lignes qui n’avaient alors jamais été observées. On peut donc s’attendre à de nouvelles découvertes qui permettront peut-être de percer le mystère des géoglyphes de Nazca.

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