Partons à la découverte de l’histoire de Madrid sous les Habsbourg à travers ses monuments et endroits emblématiques au cours d’une petite visite du centre de Madrid. Imaginons-nous transportés vers la capitale espagnole du XVIème siècle et XVIIème siècle, parcourant ses magnifiques bâtiments d’architecture baroque construits par des propriétaires soucieux d’afficher leur richesse, et arpentant ses rues étroites bondées de monde…
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Le Palais royal de Madrid
Cette visite commence avec le magnifique Palacio Real situé derrière la « Plaza de Oriente » où l’on croise une statue de Philippe IV dressé sur son cheval. Jouxtant de magnifiques petits jardins, ce palais n’est plus tout à fait un témoignage direct des Habsbourg mais il vaut tout de même le détour. Nous ferons donc ici un petit écart dans le temps ! En effet, le palais est construit sur l’ancien alcazar de Madrid érigé à la fin du IXème siècle sous l’émirat de Cordoue. Il s’agit alors d’une forteresse qui devint une résidence royale au XIVème siècle. Elle fut ensuite reconstruite au XVIème siècle par Charles Quint et Philippe II pour en faire un palais royal, Philippe II souhaitant faire de Madrid sa capitale (cf. article précédent sur l’histoire de Madrid des Habsbourg). Le travail se poursuivit sous Philippe IV au niveau de la grande façade et à l’intérieur du palais à l’aide de Diego Vélasquez qui produisit de nombreux chef-d’œuvre aujourd’hui exposés au musée del Prado.
Mais en 1734 le palais fut victime des flammes. C’est Philippe V d’Espagne de la dynastie des Bourbons qui se chargea de sa reconstruction, lui donnant son aspect actuel. Formant un carré doté d’une cour centrale, le bâtiment avec ses formes rectilignes et sa pierre blanche éclatante nous apparaît dans toute son élégance. L’intérieur du palais savamment restauré fait également le plaisir des yeux. Chaque monarque y a laissé sa marque. Se mêle ainsi au style baroque de Ferdinand VI (1713-1759), fils de Philippe V, les goûts plus sobres et classiques de son demi-frère Charles III. La magnifique salle du trône en est un bel exemple. Mais revenons au XVIème et XVIIème siècle, non sans avoir fait un tour dans l’impressionnante armurerie royale, l’une des plus grandes d’Europe, et dans la pharmacie royale où se trouvaient les médicaments de la famille et qui abrite aujourd’hui de nombreuses poteries en faïence du XVIIIème siècle.
Sur les traces de Velasquez et de Marguerite d’Autriche
Retour à la plaza de Oriente, en direction du couvent « de la Encarnacion » situé sur la place du même nom, « plaza de la Encarnacion ». Ce couvent fut construit à l’initiative de Marguerite d’Autriche, épouse de Philippe III d’Espagne. La reine aurait selon la légende, fait édifier ce couvent en commémoration de l’expulsion des Maures d’Espagne en 1609 (cf. article sur l’histoire de Madrid des Habsbourg). L’exil non seulement dramatique de plus de 300 000 Maures restés en Espagne, fut aussi à l’époque très polémique car certains d’entre eux auraient été chrétiens. Observons un moment la façade de ce couvent. On peut y voir les armoiries de la reine Marguerite doublées de la toison d’or, symbole du pouvoir royal. Il aurait en effet été impensable de construire un tel bâtiment sans afficher aux yeux de tous l’identité de l’âme charitable à l’origine du projet !
Plus loin, sur la « plaza del Ramales », après avoir longé la rue de Lepanto en souvenir de la célèbre bataille du même nom contre les Turques (cf. article sur l’histoire de Madrid des Habsbourg), se trouveraient les restes de Velasquez. Mais comment ont-ils pu se retrouver enterrés sous cette place ? Il s’avère qu’une église se dressait auparavant à cet endroit. Il s’agissait de l’église San Juan qui accueillit la sépulture du peintre. A quelques mètres de là, dans la rue San Nicolas, se trouve la maison dans laquelle aurait vécu un autre personnage important du règne de Philippe IV, le comte d’Olivares à qui le roi délégua son pouvoir avant que le comte ne finisse par tomber en disgrâce.
La fameuse « Plaza Mayor »
Dirigeons-nous à présent vers la fameuse « Plaza mayor » mais non sans faire une pause par la « Plaza de Villa ». Cette petite place pleine de charme abrite l’ancien hôtel de ville mais également la statue d’Alvaro de Bazan. Cette statue nous ramène quelques générations en arrière, à l’époque de la bataille de Lepante et de la victoire de la flotte chrétienne qui s’était donné le nom de « Sainte ligue », sur les Turques en 1571. Don Alvaro était sous Philippe II un général espagnol qui combattit à Lepante.
Il est temps de repartir en direction de la « Plaza mayor ». Impossible de passer à côté cette vaste place toujours pleine de monde. Promeneurs, touristes, vendeurs à la sauvette, restaurants etc. L’ambiance qui y règne, la couleur des façades des immeubles qui l’encerclent, l’imposante statue représentant Philippe III juché sur son cheval, attirent irrémédiablement le visiteur. Si ses origines remontent au Moyen-âge, elle n’en demeure pas moins un endroit clé de l’histoire des Habsbourg. En effet, lorsque Philippe II décida d’installer sa cour à Madrid, il trouva un espace aux formes irrégulières intitulé « La plaza del Arrabal » situé en dehors des murailles de Madrid. Le fait que la place ne soit pas située à l’intérieur de Madrid constituait en fait pour les madrilènes une parade pour ne pas payer d’impôts sur la vente de biens. En effet, depuis des siècles, toute marchandise se vendant dans Madrid était soumise à une taxe. Alors quoi de plus malin que de faire de cette place située hors de la ville, un marché ! Jusqu’au jour où arriva Philippe II qui pour mettre fin à cette forme d’évasion fiscale, rattacha tout simplement la place au reste de la ville en faisant démolir la muraille qui l’en séparait. C’est ainsi que commença sa conversion en « Plaza mayor ». La forme actuelle de la place est due à l’architecte Juan Gomez de Mora qui acheva son projet en 1619. Malheureusement la place subit différentes formes de détériorations et surtout de nombreux incendies si bien qu’en 1790 elle dut être entièrement reconstruite.
La place fut un témoin essentiel de l’histoire des Habsbourg à Madrid. C’est sur cette place même que Philippe IV fut proclamé roi en 1621. C’est également sur cette place qu’eurent lieu des représentations théâtrales, des tournois, des corridas ou tout autre type de célébrations. Mais se tinrent également des événements beaucoup plus sinistres tels que les autodafés à l’heure de l’inquisition et les exécutions publiques. Mais laissons ces effroyables pensées de coté et dirigeons-nous vers le dernier bâtiment que je voudrais vous faire découvrir.
A quelques mètres en sortant de la place se trouve le ministère des affaires étrangères, ancienne prison de la ville. Ce magnifique bâtiment nous offre plusieurs indices témoignant de l’empreinte laissée par les Habsbourg. On peut ainsi voir sur la façade les armoiries royales. Par ailleurs, la quantité de granite, matériau très cher, utilisé pour sa construction témoigne de l’importante somme d’argent dépensée à une époque où il est bon, rappelons-nous, d’étaler sa richesse en démonstration de son pouvoir.
Je vous propose à présent d’achever cette histoire des Habsbourg en Espagne à plusieurs kilomètres de Madrid, au monastère El Escorial.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire de Madrid et des Habsbourg (et pour les amateurs d’espagnol), je vous conseille de lire le livre « Explora lo desconocido de Madrid » de Fatima de la Fuente et d’Enrique Fernandez, ediciones la Libreria
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