Le logis du XVIe siècle. © JP Pepek Balloïde photo, Inrap.

Archéologie à Lille : découverte d’un château fort

Le logis du XVIème siècle © JP Pepek Balloïde photo, Inrap.

 

18 mars 2016 – Des fouilles archéologiques menées par l’Inrap dans un quartier de Lille, Fives, ont révélé une occupation du site du Ier siècle avant notre ère jusqu’au XVIIIème siècle. Les archéologues ont mis au jour les vestiges d’un château défensif remplacé plus tardivement par une demeure résidentielle. Ces découvertes archéologiques couplées aux archives historiques, permettent d’en savoir plus sur l’histoire mouvementée de la magnifique ville de Lille et sur la vie quotidienne de ses anciens habitants. 

Selon les archéologues, le site aurait été occupé dès le Ier siècle avant J.C. En témoignent la céramique, les ossements d’origine animale et les multiples fosses découvertes dans une terre marécageuse. Le site fut également occupé au Moyen Âge, du XIVème au XVème siècles. Les archéologues ont en effet mis au jour une série de très grandes fosses, probablement à usage artisanal. Il pourrait s’agir de la basse-cour du château de la Phalecque, mentionné dans les archives de l’époque.

Le château de la Phalecque au XVIème siècle

Les fouilles ont révélé un édifice du XVIème à la fonction défensive. Le château était entouré d’un fossé dans lequel les archéologues ont mis au jour des boulets de canon en métal et en pierre portant des traces d’impacts. Cette découverte témoigne des périodes de conflits entre les Flandres et le Royaume de France et de la position vulnérable du château aux portes de Lille. Les archéologues ont également découvert des planches et des pieux en bois qui servaient à stabiliser ce fossé d’enclos. Exceptionnellement bien conservés malgré un environnement assez humide, ces vestiges permettront d’affiner la datation de l’occupation grâce à la dendrochronologie, l’étude des cernes des bois.

De nombreux autres objets ont été exhumés du fossé. Des services de table comprenant des verreries de Venise, des cuillères en argent et des céramiques de Delft (située aux Pays-Bas) ont été mis au jour. Ces superbes objets indiquent le niveau de vie élevé des résidents du château. Enfin, des fragments de vitraux, de poêle à bois domestique, des éléments de pompe à bras pour puiser l’eau, des carreaux de pavements décorés, des épis de faitage modelés (pièce décorative d’une tige métallique en général placée sur une toiture) ainsi que les nombreux blocs de calcaire sculptés, sont de précieux indices sur le mode de construction du château.

Plat en faïence de Delft du XVIe siècle. © Dominique Bossut, Inrap.
Plat en faïence de Delft du XVIe siècle.
© Dominique Bossut, Inrap.
Cuillère en argent (face et revers) du XVIe siècle. © Dominique Bossut, Inrap.
Cuillère en argent (face et revers) du XVIe siècle.
© Dominique Bossut, Inrap.

Un château résidentiel au XVIIIème siècle

Vers la fin du XVIIème siècle, le château fort fut rasé et réaménagé pour devenir un édifice à la fonction résidentielle. En témoigne la présence d’un jardin et d’une «folie» (maison de plaisance) dans le fond de jardin. Tout comme le petit Trianon de Versailles, la villégiature présentait une rotonde entourée d’un couloir circulaire reliant quatre pièces quadrangulaires réparties en croix.

Lors du dernier siège de Lille par les Autrichiens, en 1792, le château de la Phalecque servit de poste avancé pour les assiégeants et abrita 300 uhlans (cavaliers germaniques armés d’une lance). Le château ne résista malheureusement aux assauts de l’histoire. Pour une meilleure défense de la ville, un no man’s land fut créé autour des remparts du château et la propriété fut définitivement détruite.

En savoir plus sur cette découverte sur le site de l’Inrap et avec cette vidéo: 

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