Direction le Sud de la France dans les Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon, à la rencontre des villes de Carcassonne, Albi et Cordes sur Ciel. Ces superbes cités ont chacune connu un destin et une histoire différente. Elles sont pourtant toutes trois marquées par un même événement qui laissa une trace indélébile dans leur passé, la croisade contre les Albigeois, également appelés « Cathares ». Le catharisme, nouvelle religion prêchant le retour à la simplicité et ne reconnaissant pas l’Eglise de Rome, prit une véritable ampleur aux XIIème et XIIIème siècles dans cette région de France. Constituant une sérieuse menace pour l’Eglise catholique, le Pape appela à la croisade contre les « Albigeois ». Foyers de cette doctrine religieuse, les villes de Carcassonne, Béziers, Albi et Cordes ont gardé les stigmates de cette guerre sanglante de religion et de pouvoir. Je vous propose de partir à la découverte de cette période méconnue de l’histoire de France, à la fois terrible et passionnante.
Le midi au XIème et XIIème siècle
Un territoire marqué par les conflits et les rivalités territoriales
Au XIIème siècle, le pays d’Oc, terre du « Fin Amor » et des troubadours, est fortement marqué par les rivalités entre le comte de Toulouse, le vicomte de Béziers, Carcassonne, Albi et le royaume d’Aragon. Au début du XIIème siècle, le comte de Toulouse Raymond IV (1088-1105) possède une partie de la Provence, le Rouergue et le Narbonnais (correspondant aujourd’hui approximativement au département de l’Aveyron). Les comtes de Toulouse doivent faire face au XIIème siècle aux appétits territoriaux des puissances voisines : les comtes de Barcelone (devenu rois d’Aragon par les jeux d’alliance) et les ducs d’Aquitaine (la dynastie rejoindra celle des Plantagênets dominant l’Angleterre par le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri de Plantagenêt). Ces derniers revendiquent les territoires du comté de Toulouse depuis le mariage de Guillaume IX, duc d’Aquitaine avec la fille du comte de Toulouse. Au cours des différents affrontements, le comté de Toulouse perd plusieurs de ses territoires si bien qu’au début du XIIIème siècle, le roi Pierre II d’Aragon est le suzerain des vicomtés de Carcasonne et de Narbonne.
En 1154, le comte de Toulouse Raymond V chercha à se rapprocher du roi de France et de sa protection en épousant Constance, la sœur du roi Louis VII. Il faut dire que le comté de Toulouse ne manque pas d’ennemis. En plus du royaume d’Aragon et des ducs d’Aquitaine, un autre conflit oppose le comté de Toulouse à la dynastie des Trencavel. Grâce au jeu des alliances et des mariages, les vicomtes Trencavel (signifiant « tranche bien » en langue d’Oc) ont réussi à étendre leur influence et possèdent un important territoire intégrant Albi, Carcassonne, le Carcassès, le Razes et Béziers (cf. article sur l’histoire de Carcassonne pour plus de détail sur la dynastie Trencavel). Les Trencavel sont les vassaux du comte de Toulouse ce qui ne les empêchent pas de se rapprocher des rois d’Aragon pour s’émanciper de la tutelle toulousaine tout en maintenant un semblant d’entente avec Toulouse. Ainsi, en 1171, Roger II de Trencavel épousa Adelaïs, comtesse de Toulouse. Malgré cette alliance, les deux dynasties continuèrent à s’opposer à travers différents conflits armés. C’est dans ce contexte politique que se développa à partir du XIème et XIIème une nouvelle religion, le catharisme.
Qui sont les cathares?
La naissance d’une nouvelle doctrine religieuse
Ce mouvement religieux naît dès le XIème siècle. Il atteint son apogée au XIIème siècle. Cette époque est marquée par un fort esprit anti-clérical qui se développe parmi les seigneurs de la région, notamment motivé par les taxes imposées par l’Eglise qui constituèrent un terreau idéal pour le développement du mouvement. Quant au peuple lassé des abus de l’Eglise et des charges que faisait peser sur lui le clergé, il fut rapidement séduit par cette nouvelle doctrine. La religion cathare aspire en effet à une simplicité et un ascétisme dont l’Eglise catholique s’est fortement éloignée. Elle constitue un vrai danger pour l’Eglise romaine, remettant en cause ses fondements mêmes.
Selon la spécialiste Anne Brenon qui a consacré de nombreuses recherches aux Cathares et aux hérésies médiévales, l’origine du mouvement cathare est à chercher dans la société chrétienne romaine de l’époque. Comme l’explique Anne Brenon dans son ouvrage « Les Cathares, pauvres du Christ ou apôtres de Satan? », la société voit réapparaître à partir de l’an mille, la figure de « l’hérétique » à une époque où la seule stabilité existante est religieuse. Des hérétiques furent par exemple jugés à Arras en 1025 en raison de leur pratiques religieuses excluant l’ancien testament. En 1022 des chanoines furent accusés de nier l’eucharistie et de remettre en cause la nature même du Christ. A côté de la figure de l’hérétique se dessine celle de l’infidèle, le Mahométan d’Espagne et de Terre Sainte que l’on peut tuer avec l’approbation de l’Eglise catholique et romaine et contre lequel des croisades sont lancées.
Les fondements de la doctrine cathare
Sans entrer dans les détails de la complexité de la doctrine cathare (lire les références indiquées à la fin du post pour en savoir plus sur la religion cathare), le fondement de cette nouvelle religion repose sur l’idée que dieu, infiniment bon, ne peut être à l’origine du mal qui pullule sur terre. Le dogme est donc basé sur le dualisme, une opposition entre Dieu et le monde terrestre qui relève du dieu mauvais, Lucifer. Les Cathares voyaient dans les hommes des anges déchus tombés du ciel et piégés dans les prisons charnelles que sont les corps humains. Ces anges attendaient ainsi la délivrance de leur existence terrestre grâce au salut. En effet, par pitié pour les hommes, le dieu bon aurait envoyé son fils, le Christ, pour libérer les hommes de cette emprise par la bonne nouvelle évangélique et par le sacrement du baptême insufflant l’Esprit Saint.
Le fondement de cette nouvelle religion repose sur l’idée que dieu, infiniment bon, ne peut être à l’origine du mal qui pullule sur terre. Le dogme repose donc sur le dualisme, une opposition entre Dieu et le monde terrestre qui relève du dieu mauvais, Lucifer.
La doctrine cathare méprisait le corps humain et la chair. Elle rejettait par ailleurs la sainte-trinité, l’esprit n’étant qu’une émanation du dieu bon, et elle niait les saint-sacrements de l’Eglise romaine (messe, mariage, extrême-onction, etc.). Pour les Cathares seul vaut le Consolamentum. Il s’agit de l’unique sacrement cathare. Ce baptême offrait à celui qui s’y soumettait l’Esprit Saint par imposition des mains. Les adeptes de cette religion, les « bons hommes », croyaient par ailleurs à la réincarnation pour les âmes qui ne seraient pas digne de recevoir le consolamentum au moment de mourir. Au travers de ces différentes vies, les hommes pouvaient ainsi s’améliorer et parvenir à la pureté. Les Cathares réfutaient également la menace du châtiment éternel que brandissait l’Eglise, partant du principe que Dieu était doté d’une bonté infinie et du sens du pardon. Les Cathares s’appuyaient sur le nouveau testament qu’ils opposaient à l’ancien mettant en scène un dieu violent et jaloux.
Le pays d’Oc n’était pas la seule région concernée par l’essor des « hérétiques » puisqu’ils étaient également présents au XIIème siècle en Rhénanie. Comme les hérétiques de l’an mille, ils ne croyaient pas en l’humanité du Christ.
C’est lors d’un voyage mené en Pays d’Oc en 1145, que le moine Bernard de Clairvaux prit la mesure de l’essor des hérétiques. Lorsque Bernard de Clairvaux se rendit à Albi, sa venue avait été précédée de celle d’un légat du pape qui avait été très mal accueilli par les habitants d’Albi. Ces derniers tournèrent en dérision sa venue en organisant un grand charivari. La réputation des habitants d’Albi en tant qu’hérétiques était faite. Ils furent nommés « hérétiques albigeois » (à noter que le mot « cathare » ne devint l’appellation la plus populaire qu’au moment de la publication en 1848 d’un ouvrage intitulé « Histoire et doctrine de la secte des cathares » de Charles Schmidt. Les cathares se nommaient eux-mêmes « pauvres du Christ », « apôtres » ou « bons hommes »).
La mission de Bernard de Clairvaux révéla également le soutien de l’aristocratie locale à nouvelle église. Les seigneurs locaux étaient séduits par ces religieux qui, contrairement à l’Eglise romaine, n’imposaient ni impôt, ni dîme et prônaient la simplicité. Ils voyaient par ailleurs dans ce mouvement le moyen de contrer une Eglise romaine devenue trop puissante. Ce soutien aristocratique permit le développement et le rayonnement de la foi cathare. Alors que les moines catholiques vivaient reclus dans des monastères, fuyant la société, les maisons cathares s’ouvraient dans les ruelles des bourgs. Les villageois pouvaient ainsi constater par eux-mêmes le respect par les religieux des règles de pauvreté et de chasteté. Ne consommant aucune viande, refusant de tuer des animaux, ils travaillaient de leurs mains. Ils étaient également des prédicateurs très influents, prêchant la bonne parole et lisant les textes en langue romane et non pas uniquement en latin comme les clercs catholiques. Les prêches ne se faisaient ni à l’église, ni dans un temple mais sur les places publiques ou dans les demeures. Quant aux femmes, elle se tournèrent également volontiers vers cette Eglise plus ouverte et plus respectueuse de leur sexe, leur ouvrant ses maisons religieuses et même son sacerdoce.
La croisade de l’Eglise romaine contre les Albigeois
L’appel à la croisade
Cette nouvelle église de plus en plus populaire, ne reconnaissant pas l’autorité du pape et mettant en place ses propres structures, prit rapidement la forme d’une contre-église. Remettant en cause les fondements et l’existence même de l’Eglise de Rome, le catharisme représentait une sérieuse menace pour la papauté et les prélats. En 1163, les évêques catholiques du Midi alertèrent le souverain pontife. Si le comte de Toulouse Raymond V, soutenant l’Eglise catholique, semblait démuni face à ce mouvement qui prenait de plus en plus d’ampleur, de son côté le vicomte Roger II Trencavel ne semblait pas désireux d’enrayer le mouvement. Au contraire, il semblait vouloir encourager cette nouvelle foi s’opposant à une église devenue trop puissance. Le vicomte sera d’ailleurs excommunié par le pape Alexandre III en 1178. Son fils, Raymond-Roger Trenvacel marquera lui aussi sa sympathie pour la religion cathare, d’autant que son tuteur, le seigneur Bertrand de Saissac en était l’un des plus grands défenseurs.
La religion « cathare » prit ainsi de plus en plus d’ampleur jusqu’au début du XIIIème siècle. Le comte de Toulouse Raymond VI, fils de Raymond V, la combattait lui-même sans grande conviction. Mais les choses changèrent avec l’arrivée au pouvoir du pape Innocent III en 1198. Inquiet de l’expansion de la religion cathare, il envoya plusieurs missions dans le Languedoc pour établir le retour à l’ordre. En 1203, le légat Pierre de Castelnau fut envoyé pour une nouvelle mission. Il destitua des prélats jugés trop peu actifs dans leur lutte contre « l’hérésie » cathare et entama une grande campagne de prédication pour contrer le mouvement. Il décida également de s’attaquer au comte de Toulouse, Raymond VI, jugé trop mou dans sa lutte contre les Cathares. Il se fit ainsi excommunier par le pape en 1207. Un an plus tard, le comte soucieux de faire lever son excommunication, s’entretint avec Pierre de Castelnau le 13 janvier 1208. Mais la rencontre fut plutôt tendue, Raymond VI ne semblant pas vouloir donner de sérieux engagements dans la lutte contre les Cathares. Un événement clé vint alors accélérer le cours des choses. Le lendemain de la rencontre, Pierre de Castelnau fut assassiné sur la route par un écuyer de la suite du comte.
Ce meurtre fut vécu comme une véritable trahison par le pape qui réagit en jetant l’anathème sur Raymond VI. Si l’excommunication est réversible, ce n’est pas le cas de l’anathème qui délie par ailleurs les serments de fidélité faits au comte par ses vassaux. Le pape appela alors à la croisade contre les « hérétiques » avec tous les avantages que cela pouvait apporter aux croisés (rémission des pêchés sur le plan spirituel, biens placés sous la protection de l’Eglise, prise de butin lors des pillages, conquête de nouveaux territoires, etc.). Si le roi de France Philippe Auguste avait jusqu’à présent refusé de répondre aux injonctions du Pape qui lui demandait de se croiser, il ne put en revanche, face à la pression papale, empêcher ses vassaux de participer à la croisade. L’affrontement qui mettra bientôt le midi à feu et à sang allait commencer.
La destruction de la ville de Béziers et la fin tragique du vicomte Trencavel
L’armée des croisés dirigée par le légat Arnaud Amaury se mit en marche au mois de juillet 1209. Le comte de Toulouse, soucieux de se réconcilier avec la papauté et de sauver ses territoires, rejoint l’armée à Valence. Le comté de Toulouse étant acquis aux croisés, leur regard se tourna alors vers les terres du jeune Raymond-Roger Trencavel, vicomte de Carcassonne, d’Albi et de Béziers (fils de Roger II Trencavel et de la comtesse Adelaïs de Toulouse). Raymond-Roger refusa de se soumettre et de livrer son peuple et les « hérétiques » aux envahisseurs. Le 22 juillet, l’armée pénétra sur les terres du vicomte Raymond-Roger Trencavel. Ses tentatives de négociations ayant échoué, il mit en état de défense ses villes et ses châteaux. La première ville à subir le sort des croisés fut Béziers. Les habitants refusèrent de livrer les Cathares aux croisés. L’assaut fut donné, la ville détruite, ses habitants massacrés. Cette violente et sanglante attaque conduite à la fois contre des « bons hommes » et des fidèles de la foi catholique romaine, aurait donné lieu à la terrible phrase apocryphe du légat Arnaud Amaury « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».
Cette violente et sanglante attaque conduite à la fois contre des « bons hommes » et des fidèles de la foi catholique romaine, aurait donné lieu à la célèbre et terrible phrase apocryphe du légat Arnaud Amaury « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».
La destruction de la ville provoqua un mouvement de panique parmi les habitants de la région. Cela facilita l’avancée de l’armée croisée qui s’empara de nombreux châteaux. Le 1er août 1209, l’assaut fut donné sur la ville de Carcassonne mise en défense par le vicomte Raymond-Roger Trencavel. L’assaut ayant échoué, la ville fut assiégée. Mais la chaleur et le manque d’eau eurent raison des assiégés. Le vicomte se serait rendu aux croisés le 15 août 1209 en échange de la vie sauve de ses sujets. Raymond-Roger Trencavel fut fait prisonnier et les habitants de Carcassonne furent chassés de la ville. Le vicomte resta trois mois prisonnier avant de mourir dans sa cellule, empoisonné selon les rumeurs, à seulement 24 ans. Son fils âgé de deux ans, avait été confié au comte de Foix pour le mettre hors de portée des croisés. En savoir plus sur le siège de Carcassonne en cliquant ici.
La conquête de Simon de Montfort
Pour succéder au vicomte, le légat Arnaud Amaury désigna Simon de Montfort, un baron d’île-de-France et bras armé de la papauté. Il s’empara de nombreux châteaux dont certains se rendirent spontanément (Limoux, Montreal, Lombers, Fanjeaux, Alzonne). La ville de Castres accepta quant à elle de livrer ses « bons hommes » qui subirent le sort réservés aux « hérétiques » en finissant sur le bûcher. Les succès de Simon de Montfort furent cependant interrompus par la fin de la quarantaine. Dans la société féodale, le devoir de chevauchée du vassal dû à son suzerain ne durait que 40 jours. Au delà de cette période, les vassaux engagés dans la croisade pouvaient décider d’achever leur service. L’armée croisée commença ainsi à se désagréger. Par ailleurs, la tentative d’assaut du château de Cabaret fut un échec. Le duc de Bourgogne décida de se retirer de la croisade entraînant avec lui une bonne partie de l’armée. Simon de Montfort se retrouva alors isolé et chercha à imposer son autorité avec violence. La prise de la cité de Lavaur fut par exemple particulièrement sanglante.
De la croisade à la guerre de conquête
Simon de Montfort jeta également son dévolu sur les comtés de Toulouse, de Foix et de Comminges. Une manœuvre qui n’était du goût du comte de Toulouse qui réunit ses vassaux et se lança dans un affrontement avec Simon de Monfort qui tourna en la faveur du comte. Simon de Monfort fut forcé de se replier de Toulouse. il parvint cependant à battre le comte de Foix, allié du comte de Toulouse. Simont de Monfort possédait alors à ce moment-là une grande partie du territoire du Midi, menaçant sérieusement le comté de Toulouse. La croisade était bel et bien devenue une guerre de conquête. Ces ambitions territoriales inquiétaient le roi d’Aragon Pierre II. Vainqueur de la célèbre bataille « Las Navas de Tolosa » menée contre les Almohades en juillet 1212 dans l’actuelle Espagne, il jouissait alors d’un grand prestige auprès de la papauté. Il fit appel au pape qui envoya une lettre de semonce à Simon de Montfort. Quant à Pierre II, il se rapprocha du comte de Toulouse et attaqua une partie de l’armée de Simon de Montfort à Muret. En sous effectif, l’armée de Simon de Monfort parvint pourtant à prendre le dessus et le roi d’Aragon fut tué dans la bataille. Cette victoire scella la domination de Simon de Montfort dans le Midi. Raymond VI dut partir se réfugier en Angleterre. La victoire de Simon de Monfort sera officiellement entérinée en 1214 par l’arrivée dans le Midi du prince Louis, fils de Philippe Auguste et futur roi Louis VIII.
En 1215, lors du concile de Latran, la décision fut prise de déposséder le comte de Toulouse de ses terres et patrimoine qui furent attribués à Simon de Montfort. Ce petit baron d’Île-de-France se retrouvait ainsi propulsé à la tête du comté de Toulouse, du duché de Narbonne et des vicomtés de Béziers et Carcassonne.
La mort de Simon de Montfort
Mais le comte de Toulouse n’avait pas dit son dernier mot. Il revint dans le Midi accompagné de son fils en 1216. Le jeune comte était alors bien déterminé à reprendre ses possessions. Appuyés par les comtes de Foix et de Comminges, il parvint à reprendre Toulouse. Simon de Monfort assiégea la ville mais il fut tué en recevant une pierre sur son heaume. Sa mort entraîna la débandade de son armée. Son fils Amaury de Montfort qui lui succéda essaya de reprendre la ville de Toulouse mais cette tentative se solda par un échec. Il perdit peu à peu des territoires face à la reconquête menée par Raymond VI et son fils. Le prince Louis, futur Louis VIII, décida de se croiser et rejoint Amaury de Montfort en 1219. Il levèrent le siège devant Toulouse mais se heurtèrent à la résistance des Toulousains. En 1222, le jeune comte de Toulouse devint le comte Raymond VII à la mort de son père. Raymond VII se dirigea vers Carcassonne pour reprendre la ville. Amaury de Montfort assiégé dut capituler le 14 janvier 1223. Il quitta le Midi emportant avec lui les restes de son père. Raymond VII pu remettre au fils de Raymond-Roger Trencavel, ses possessions. Les Cathares firent peu à peu leur réapparition.
La destruction des Albigeois et l’avènement de l’Eglise de Rome
La fin de la croisade et l’inquisition contre les Cathares
Alerté par le regain du catharisme, le pape appela le roi Louis VIII à une seconde croisade. Coup de théâtre, le comte de Toulouse Raymond VII craignant un nouvel envahissement se soumit au pape. Raymond Trencavel de joignit également à la promesse de tout faire pour rétablir l’Eglise catholique romaine dans le Midi. Un concile se tint à Bourges en 1225 opposant Raymond VII et Amaury de Montfort qui n’avait pas l’intention de voir le comte de Toulouse s’en sortir si facilement en se contentant de faire amende honorable. Le concile ne tourna pas en la faveur du comte de Toulouse dont les offres et les engagements à rétablir la « vraie foi » étaient jugées insuffisantes. Raymond VII fut excommunié et ses domaines furent attribués au roi de France, Louis VIII, qui prit la croix. Inquiets de l’avancée royale, les seigneurs locaux se soumirent un à un.
En 1226, Louis VIII, malade, décéda. Il laissa le royaume de France entre les mains d’un enfant de 12 ans, le futur Saint-Louis. Sa mère Blanche de Castille assurait la régence. Au terme de trois nouvelles années d’affrontement, un accord fut enfin trouvé lors d’une assemblée organisée à Meaux en 1229. Raymond VII se présenta le 12 avril 1229 devant Louis IX à Notre-Dame de Paris. Il jura de tenir tous les accords établis à Meaux, impliquant la soumission totale du comte de Toulouse au roi de France et sa fidélité absolue à l’Eglise. Absous, il pu être réintégré à la communauté de l’Eglise. Cet événement signe la fin de la croisade.
Par ces accords, Raymond VII devait s’engager à combattre les Cathares, à défendre l’Eglise et à lui restituer ses biens. Enfin, le comte de Toulouse était dans l’obligation de prendre la croix pendant cinq ans et de servir en terre sainte. Le comte perdit par ailleurs une partie de ses territoires et s’était engagé à détruire les fortifications de ses places fortes, à commencer par celles de Toulouse. Le traité prévoyait également qu’à la mort de Jeanne, fille du comte, le comté devait revenir au roi de France. Enfin, le traité eut aussi pour conséquence d’évincer le jeune Raymond Trencavel, ses terres étant remises au roi. Quant aux Cathares, l’inquisition fut relancée. Ceux qui refusèrent de se convertir finirent sur le bûcher. Les Cathares se réfugièrent dans des lieux isolés comme le castrum de Montségur.
L’échec de l’assaut de Raymond Trencavel
Évincé, le jeune vicomte Raymond II Trencavel tenta le tout pour le tout. Il lança un appel à l’insurrection en 1240. Victorieux dans un premier temps, il parvint jusqu’à Carcassonne. Mais face à la défense de la cité, le vicomte Trencavel dut se replier et capituler. En 1246, il renonça officiellement à ses terres au cours d’une cérémonie. L’inquisition se poursuivra jusqu’au début du XIVème siècle où les cathares disparurent définitivement. Avec la mort de Jeanne, fille et héritière de Raymond VII, le comté de Toulouse tomba entre les mains du pouvoir royal. Comtes de Toulouse et dynastie des Trencavel, principales puissances du Midi, disparurent ainsi avec cette croisade menée contre des Chrétiens, devenue une guerre de conquête et renforçant le pouvoir royal.
Je vous propose à présent de découvrir plus particulièrement l’histoire des villes de Carcassonne, Albi et Cordes, toutes trois marquées par la croisade contre les Albigeois.
Pour en savoir plus je vous conseille de lire :
« La croisade albigeoise – la lutte contre les Cathares » – François de Lannoy – Editions Ouest-France
« Les Cathares, pauvres du Christ ou apôtres de Satan ? « , Anne Brenon, Découvertes Gallimard religions
« Les Cathares sont pressés d’en finir ! », Anne Brenon, Historia n°792, décembre 2012
« Carcassonne, la cité dans l’histoire », Jean Blanc, Claude-Marie Robion et Philippe Satgé, Collection des pierres & des hommes, Editions Christian Salès, 2014
« Vingt siècles d’histoire. Albi et les albigeois », éditions Grand Sud
Je vous conseille également de découvrir l’histoire de la croisade contre les Albigeois à travers la passionnante saga de Bernard Mahoux, « La malédiction des Trencavel ». Ses sept tomes vous feront découvrir ces événements historiques à travers les récits de la comtesse Adélaïs de Toulouse et de son fils le vicomte Raymond-Roger Trencavel. Bernard Mahoux fait pleinement revivre à travers ces romans palpitants et émouvants, les prémices du conflit et la croisade contre les Cathares, le tout dans un cadre historique respecté.
J’habite la région depuis des années et cette épisode de l’histoire m’est plutôt inconnu… c’était un régal de combler mes lacunes en te lisant.