Imposante, massive, guerrière, la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi ne peut échapper au regard du visiteur lorsqu’il pénètre dans la ville. Impossible de passer à côté de cette forteresse de dieu, écrasant de toute sa puissance celui qui lève les yeux vers elle. Il faut dire que le spectacle est saisissant lorsque l’on arrive dans la magnifique cité épiscopale d’Albi. Son immense cathédrale se dresse au dessus de la ville et domine le Tarn enjambé par le Pont-Vieux. Sur ses flancs, le palais épiscopal de la Berbie invite les passants à se perdre dans ses jardins tandis que les ruelles de la vieille ville appellent à découvrir le riche passé de cette cité. Vous l’aurez compris, Albi est l’un des coups de cœur de mon voyage dans le « Pays d’Oc ». Située dans le département du Tarn, la ville d’Albi est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette cité qui a accueilli d’illustres personnages comme Toulouse Lautrec ou le navigateur La Perouse est aussi un lieu incontournable dans la compréhension d’une période charnière de l’histoire de la région, la croisade contre les « Albigeois » également surnommés « Cathares ».
Rapide histoire d’Albi, des Romains jusqu’au XIème siècle
Des traces de vie humaine ont été retrouvées à Albi dès le Néolithique. La présence de Celtes est également attestée (le nom de la rivière Tarn, pouvant parfois déborder de façon violente, viendrait d’ailleurs du dieu celte de la colère, Taranis). Cité gallo-romaine, elle fut conquise lors de la guerre des Gaules sous Jules César. Pour autant, Albi ne possède pas d’édifices majeurs rappelant cette partie de son histoire. Il semblerait qu’Albi était une cité plutôt modeste qui n’était pas dotée d’amphithéâtre ou de thermes. Située aux croisements de routes reliant Toulouse à Lyon et Cahors à la mer Méditerranée, Albi était un lieu propice aux échanges marchands. Perchée sur un promontoire, elle constituait par ailleurs une importante zone défensive.
Albi dut ensuite son importance à la mise en place d’un évêché au IVème siècle. Dès le Xème siècle, Albi possédait sa propre monnaie. Vers 1040, le Pont-Vieux fut construit sur le Tarn. Edifié en pierre blanche calcaire (pierre typique de l’époque romane), il sera ensuite reconstruit et agrandit à l’aide de briques lui donnant aujourd’hui sa teinte rouge. Le pont permit le développement économique de la ville et renforça son rôle de carrefour des routes vers Lyon et la Méditerranée. Se développa un faubourg sur la rive droite, « le bout-du-pont » qui est aujourd’hui le quartier de la Madeleine. D’autres faubourgs émergèrent au rythme de l’accroissement urbain de la ville. Des maisons étaient aussi installées sur le pont, elles furent détruites en 1766. Avec l’élargissement du pont s’ajoutèrent au transport de marchandises à dos d’hommes ou d’animaux, des charrettes vers le XVème siècle. Une taxe était nécessaire pour le transport de marchandises ce qui permit à la ville de s’enrichir. Ce pont construit au XIème siècle résista pendant des siècles aux crues parfois violentes du Tarn.
Au XIème siècle la ville était sous l’autorité des Trencavel (signifiant « Tranche bien » en occitan), vicomtes de Carcassonne, de Béziers et d’Albi (en savoir plus sur la dynastie Trencavel en cliquant ici). Au XIème et XIIème siècle apparut un mouvement religieux qui allait profondément changer l’histoire du Midi et d’Albi. Des hommes prêchaient une nouvelle foi qui ne reconnaissait pas l’autorité de l’Eglise de Rome dont ils allaient bientôt s’attirer les foudres. Ce mouvement a été appelé le « Catharisme ».
La croisage contre les Albigeois au XIIIème siècle
L’essor de la religion cathare
Le fondement de cette nouvelle religion repose sur l’idée que dieu, infiniment bon, ne peut être à l’origine du mal qui pullule sur terre. Le dogme est donc basé sur le dualisme, une opposition entre Dieu et le monde terrestre qui est le fait du dieu mauvais, Lucifer (en savoir plus sur la religion cathare et la croisade albigeoise en cliquant ici et en vous référant aux lectures indiquées à la fin du post). Les Cathares aspiraient à une simplicité et un ascétisme dont l’Eglise catholique s’était fortement éloignée. Cette nouvelle église de plus en plus populaire auprès du peuple et des seigneurs locaux qui la soutenaient, ne reconnaissait pas l’autorité du pape. Elle mettait en place ses propres structures et nommait ses évêques. Elle prit rapidement la forme de contre-église. Remettant en cause les fondements et l’existence même de l’Eglise de Rome, le catharisme représentait une sérieuse menace pour la papauté et les prélats. De nombreuses missions de prédication furent menées dans le Midi pour contrer l’hérésie.
En 1145 lorsque le moine Bernard de Clairvaux se rendit à Albi, sa venue avait été précédée de celle d’un légat du pape qui avait été très mal accueilli par les habitants d’Albi. Ces derniers tournèrent en dérision sa venue en organisant un grand charivari. La réputation des habitants d’Albi en tant qu’hérétiques était faite. Les adeptes de la nouvelle foi furent d’ailleurs surnommés les « albigeois » (le mot « cathare » pour les qualifier n’apparaîtra que bien après au XIXème siècle).
Alors que le comte de Toulouse Raymond VI et le vicomte de Carcassonne, Béziers et Albi ne cherchaient pas à enrayer ce mouvement religieux, le pape Innocent III exhortait le roi de France Philippe Auguste à mener une croisade dans le sud de la France. Un appel auquel le roi resta sourd malgré les nombreuses missives du pape (en savoir plus sur le déroulé de la croisade contre les Cathares en cliquant ici). Un événement vint cependant marquer un véritable tournant dans la lutte contre le catharisme. Le légat du pape Pierre de Castelnau rencontra le 13 janvier 1208 Raymond VI le comte de Toulouse. Jugé trop peu enclin à combattre l’hérésie, il avait par conséquent été excommunié par le Pape. La rencontre fut tendue, Raymond VI ne voulant pas donner de sérieux engagements dans la lutte contre les Cathares. Or le lendemain, Pierre de Castelnau fut assassiné sur la route par un écuyer de la suite du comte. Ce meurtre fut vécu comme une véritable trahison par le pape qui réagit en jetant l’anathème sur Raymond VI. Si l’excommunication est réversible, ce n’est pas le cas de l’anathème qui délie par ailleurs les serments de fidélité faits au comte par ses vassaux. Le pape appela alors à la croisade contre les « hérétiques », un appel à présent justifié et légitimé par le meurtre de son légat. Si le roi de France Philippe Auguste refusa de se croiser, il ne put empêcher ses vassaux de participer à la croisade. Ce fut le début d’un affrontement qui allait mettre le Midi à feu et à sang.
La croisade contre les Albigeois
L’armée des croisés se mit en marche au mois de juillet 1209. Soucieux de préserver ses territoires, le comte de Toulouse fit amende honorable et rejoint les croisés à Valence. En revanche, Raymond-Roger Trencavel, vicomte de Carcassonne, Béziers et Albi refusa de se soumettre et de livrer son peuple aux croisés. Le comte de Toulouse leur étant acquis, les croisés se tournèrent donc vers les terres du vicomte. La première ville à subir le sort des croisés fut Béziers. Les habitants refusèrent de livrer les « hérétiques » aux envahisseurs. L’assaut fut donné, la ville détruite, ses habitants massacrés. La destruction de la cité provoqua un mouvement de panique parmi les habitants de la région ce qui facilita l’avancée de l’armée papale qui s’empara de nombreux châteaux. Le 1er août, l’assaut fut donné sur Carcassonne mise en défense par le vicomte Raymond-Roger. Assiégée, affaiblie par le manque d’eau et la chaleur écrasante du mois d’août, la ville se rendit le 15 août 1209. Le vicomte Raymond-Roger se serait livré aux assiégeants en échange de la vie sauve des habitants de Carcassonne. Les croisés pénétrèrent dans la ville, les habitants furent chassés et le vicomte fut emprisonné. Il mourut trois mois plus tard, probablement d’une dysenterie ou empoisonné selon les rumeurs. Son fils alors âgé de seulement deux ans avait été confié au comte de Foix pour le mettre hors de la portée des croisés (en savoir plus sur le siège de Carcassonne en cliquant ici).
Pour succéder au vicomte, le légat Arnaud Amaury désigna Simon de Montfort, un baron d’île-de-France, bras armé de la papauté. Simon de Montfort connut de nombreux succès militaires et jeta son dévolu sur le comté de Toulouse. Vaincu lors de la bataille de Muret, le comte de Toulouse Raymond VI dut partir se réfugier en Angleterre. En 1215, lors du concile de Latran, la décision fut prise de déposséder le comte de Toulouse de ses terres qui furent attribués à Simon de Montfort.
Mais le comte de Toulouse n’avait pas dit son dernier mot. Il revint dans le Midi accompagné de son fils en 1216. Appuyés par les comtes de Foix et de Comminges, le jeune comte parvint à reprendre Toulouse. Simon de Monfort assiégea la ville mais il fut tué en recevant une pierre sur son heaume. Sa mort entraîna la débandade de son armée. Son fils Amaury de Montfort lui succéda et essaya de reprendre la ville de Toulouse. Mais cette tentative se solda par un échec. Il perdit peu à peu des territoires face à la reconquête menée par Raymond VI et son fils. Le prince Louis, futur Louis VIII, décida de se croiser et rejoint Amaury de Montfort en 1219. Il levèrent le siège devant Toulouse mais se heurtèrent à la résistance des Toulousains. En 1222, à la mort de son père, le jeune comte devient le comte Raymond VII de Toulouse. Amaury de Montfort assiégé dut capituler le 14 janvier 1223. Il quitta le Midi emportant avec lui les restes de son père. Fort de sa victoire, Raymond VII remit au fils de Raymond-Roger Trencavel ses possessions, dont Albi. Les Cathares firent peu à peu leur réapparition.
Les défaites du comte de Toulouse et du vicomte Trencavel
Alerté le pape appela le roi Louis VIII à une seconde croisade. Coup de théâtre, le comte de Toulouse Raymond VII craignant une nouvelle invasion se soumit au pape. Raymond Trencavel se joignit également à la promesse de tout faire pour rétablir l’Eglise catholique romaine dans le Midi. Un concile se tint à Bourges en 1225 opposant Raymond VII et Amaury de Montfort qui n’avait pas l’intention de voir le comte de Toulouse s’en sortir si facilement en se contentant de faire amende honorable. Le concile ne tourna pas en la faveur du comte de Toulouse dont les offres et les engagements à rétablir la « vraie foi » étaient jugées insuffisantes. Raymond VII fut excommunié et ses domaines attribués au roi de France Louis VIII qui prit la croix. Inquiets de l’avancée royale, les seigneurs locaux se soumirent un à un.
Au terme de trois nouvelles années d’affrontement, un accord fut enfin trouvé lors d’une assemblée organisée à Meaux en 1229. Devant Notre-Dame de Paris, Raymond VII se présenta le 12 avril 1229 devant Louis IX. Il jura de tenir tous les accords établis à Meaux, impliquant la soumission totale du comte de Toulouse au roi de France et sa fidélité absolue à l’Eglise. Absous, il put être réintégré à la communauté de l’Eglise. Cet événement signa la fin de la croisade. Par ces accords, Raymond VII devait s’engager à combattre les Cathares, à défendre l’Eglise et à lui restituer ses biens, il perdit également une grande partie de ses territoires. Ce traité eut aussi pour conséquence d’évincer le jeune Raymond Trencavel. Ses terres furent remises au roi. Quant aux Cathares, l’inquisition fut relancée. Ceux qui refusèrent de se convertir finirent sur le bûcher. Les Cathares se réfugièrent dans des lieux isolés comme le castrum de Montségur jusqu’à ce qu’ils soient définitivement détruits.
En savoir plus sur la croisade en cliquant ici
Albi dans la croisade contre les Cathares
Bien qu’Albi semble désignée comme l’épicentre du catharisme par le nom attribué aux hérétiques, « Albigeois », il semblerait malgré tout qu’Albi soit majoritairement restée fidèle à l’Eglise romaine et qu’elle se soit même ralliée aux croisés. Cela lui permit ainsi de traverser cette période difficile sans trop de dommages, contrairement aux villes de Béziers et de Carcassonne.
Ainsi, en 1209, Albi ouvrit ses portes à Simon de Montfort et aurait même été jusqu’à lui fournir un appui militaire et à l’aider dans le siège du château de Lavaur en 1211 (en savoir plus sur les conquêtes de Simon de Montfort en cliquant ici). Mais Simon de Montfort mourut lors du siège de Toulouse en 1218 (cf. ci-dessus). Son fils lui succéda mais ne remporta pas le même succès que son père dans cette croisade devenue une guerre de conquête. Albi changea alors de camps et soutint le comte de Toulouse. Puis, lorsque Raymond VII de Toulouse fut de nouveau en mauvaise posture, Albi se mit à soutenir le roi de France. Une attitude certes opportuniste mais qui permit à la ville d’éviter le sort de Béziers ou de Carcassonne. Malgré tout, la ville ne put échapper à la violence de l’inquisition et à ses bûchers qui suscitèrent la colère des habitants d’Albi. En 1234, l’inquisiteur Arnaud Cathala manqua ainsi d’être jeté dans le Tarn après avoir tenté d’exhumer les restes d’une hérétique. Un évêque particulièrement virulent, Bernat de Castenet, un « grand inquisiteur », s’attira aussi la colère des Albigeois en multipliant les condamnations contre les Cathares.
La croisade eut une autre conséquence pour la ville d’Albi. Débarrassés du vicomte Trencavel, les Cathares exterminés, les évêques redevinrent les seigneurs de la ville. A l’exception du quartier du Castelviel qui tomba sous l’autorité de Simon de Monfort (la réunification ne se fera qu’à la révolution française). Cette domination de l’Eglise allait trouver toute son expression à travers la cathédrale Sainte-Cécile et le palais épiscopal de la Berbie.
La cathédrale d’Albi et le palais de la Berbie, symboles de la puissance retrouvée de l’Eglise romaine
Cathédrale Sainte-Cécile d’Albi
Ce monument est exceptionnel à plus d’un titre. Son architecture est unique et fascinante. Puissante, massive mais élancée, la cathédrale Sainte-Cécile donne l’impression d’une forteresse imprenable. Elle est si différente des architectures gothiques que l’on a l’habitude d’admirer, que l’on est tenté d’y voir autre chose qu’une cathédrale. Construite en briques, j’ai ainsi eu la curieuse impression de revoir les cheminée en briques rouges du nord de la France. Avec son corps allongé mais imposant, l’édifice fait également penser à un gigantesque paquebot de briques. On se sent minuscule à ses pieds. On a le sentiment d’être happé par la puissance de ses murs qui semblent s’élancer dans une course infinie vers le ciel. Ses fondations lourdes et épaisses ressemblent à de gigantesques pieds de pierre prêts à vous écraser.
Et pour cause, cette architecture puissante aux allures de forteresse n’est pas anodine. La cathédrale fut construite au XIIIème par l’évêque d’Albi Bernat de Castenet devenu seigneur de la ville, pour asseoir le pouvoir de l’Eglise catholique suite à sa victoire sur les Cathares et les seigneurs locaux. La construction débuta le 15 août 1282 et l’édifice fut consacré en 1480 par l’évêque Louis Ier d’Amboise. Longue de 114 mètres et large de 35 mètres, la cathédrale se dresse hors de ses murailles sur une hauteur de 40 mètres. Le clocher s’élève quant à lui à 78 mètres du sol. Si elle frappe par sa masse et sa puissance, la cathédrale surprend aussi par son mélange des genres. On y retrouve ainsi des gargouilles en pierres blanches s’accordant étrangement avec la bâtisse. En effet, elles ne furent rajoutées qu’au XIXème lors des travaux de restauration de César Daly, élève de Viollet le Duc (qui se chargea de la restauration de la vieille ville de Carcassonne – cf article sur l’histoire de Carcassonne).
Un autre élément détonne dans cette austère montagne de briques. Il s’agit du baldaquin (cf. photo ci-contre) ajouté en 1535. Construit en pierre blanche finement sculptée, il offre un contraste saisissant avec la façade en briques rouges de la cathédrale. Enfin, ces murs sévères ne laissent rien présager de l’intérieur de l’édifice. La surprise est de taille lorsqu’on pénètre dans la cathédrale. La richesse de ses peintures aux tons bleus et or, la finesse de son jubé (clôture de pierre séparant le cœur de la nef) dont les sculptures semblent taillées dans la dentelle, la beauté de ses vitraux, ont de quoi laisser le visiteur stupéfait (cf.photos ci-dessous). Ses magnifiques peintures ont été réalisées entre 1509 et 1515 par des artistes italiens de Bologne.
Le palais de la Berbie
Se dresse sur les flancs de la cathédrale, dominant les rives du Tarn, le palais épiscopal de la Berbie (Berbie vient du mot occitan « bisbia » signifiant « évêque »). Débutée par l’évêque Bernat de Combret, la construction du palais fut achevée à la fin du XIIIème siècle par l’évêque Bernat de Castenet, « grand inquisiteur » très peu apprécié des habitants d’Albi. Le palais ressemblait plus à un château fort avec ses murs de 7 mètres d’épaisseur à la base. L’évêque fit ensuite débuter la construction de la cathédrale. Véritables citadelles, ces deux impressionnants bâtiments étaient ainsi le symbole du triomphe de l’Eglise sur le catharisme et dissuadaient ses ennemis d’une éventuelle attaque. Le donjon marque d’ailleurs bien cette volonté défensive. Peu à peu, les évêques qui habitèrent ce palais le transformèrent en palais princier. La place d’armes devenue inutile, on fit installer de magnifiques jardins à la française au XVIIème siècle. Aujourd’hui converti en musée, le palais épiscopal accueille les œuvres du célèbre peintre Toulouse Lautrec, originaire de la ville.
Albi à la Renaissance
Si la ville réussit à se tenir à l’écart les Anglais pendant la guerre de Cent ans (1348-1453), elle ne put cependant échapper à la grande peste noire qui lui ravit les deux tiers de ses habitants. Malgré tout, aux XVème et XVIème siècle, une ère nouvelle s’ouvrit pour Albi grâce au commerce du pastel, l’or bleu de l’époque. Cette plante, une fois traitée, permettait d’obtenir de beaux coloris bleus pour teindre les étoffes. Elle devint une véritable source de richesse pour Albi mais également pour Carcassonne et Toulouse. On surnomma les trois villes « le triangle d’or » ou « pays de cocagne » (qui viendrait du mot « coque » désignant la boule de pastel).
Enrichies, de nombreuses familles se firent construire de beaux hôtels particuliers que l’on retrouve encore aujourd’hui dans les rues d’Albi, comme la maison Enjalbert (cf. photo ci-contre). Un détail sur la façade témoigne de l’enrichissement des familles albigeoises grâce à la production du pastel. On peut en effet y voir gravé dans le bois un petit garçon en train d’uriner (cf. photo ci-dessous). Une sculpture qui rappelle que l’urine était essentielle au processus de fabrication du pastel ! On peut également y voir les gravures d’un profil de femme et d’homme (cf. photo ci-dessous). Ces gravures représentaient probablement les propriétaires de la maison, désireux de montrer leur richesse.
Un autre hôtel mérite également qu’on s’y attarde, l’hôtel Reynes. Il fut construit par un riche marchand de pastel, Roger Reynes. Il donne sur une superbe cour dont l’accès vient d’être rouvert au public. On peut y voir les bustes gravés dans la pierre de François Ier et de sa seconde épouse Éléonore de Habsbourg. La présence de ces bustes rappellent le passage manqué de François Ier dans la ville. En effet, en 1533 le roi avait prévu de se rendre dans le Midi. Il était prévu qu’il s’arrête à Albi. La ville s’était préparée à recevoir le roi en grande pompe lorsque les habitants apprirent que l’itinéraire du roi avait changé. Il ne s’arrêta pas à Albi mais à Cordes. La déception des Albigeois dut être terrible tandis que les Cordais se trouvaient à présent dans la délicate situation d’accueillir leur roi sans préparation aucune.
Ainsi, toutes ces évolutions de la ville d’Albi nous ont laissé une ville magnifique au riche patrimoine que je vous invite vivement à visiter.
Si vous souhaitez en savoir plus je vous conseille de lire :
« Vingt siècles d’histoire. Albi et les albigeois« , éditions Grand Sud
« La croisade albigeoise – la lutte contre les Cathares » – François de Lannoy – Editions Ouest-France
« Les Cathares, pauvres du Christ ou apôtres de Satan ? « , Anne Brenon, Découvertes Gallimard religions
« Les Cathares sont pressés d’en finir !« , Anne Brenon, Historia n°792, décembre 2012
Je vous conseille également de découvrir l’histoire de la croisade contre les Albigeois à travers la passionnante saga de Bernard Mahoux, « La malédiction des Trencavel« . 7 tomes vous feront découvrir ces événements historiques à travers les récits de la comtesse Adélaïs de Toulouse et de son fils le vicomte Raymond-Roger Trencavel. Bernard Mahoux fait pleinement revivre à travers ces romans palpitants et émouvants, les prémices du conflit et la croisade contre les Cathares, le tout dans un cadre historique respecté.
Enfin, si vous avez un jour l’occasion d’aller à Albi, n’hésitez pas à faire une des visites guidées proposées par l’office du tourisme d’Albi qui sont très bien conçues.
Cette richesse historique se ressent à travers la ville et son patrimoine. J’ai eu l’occasion d’y passer un week-end et c’est une visite que je conseille pour les amoureux de l’époque médiévale.