Partons explorer le magnifique parc historique de Sukhothai dans le Nord de la Thaïlande. La ville de Suthothai est considérée comme la première capitale du royaume de Siam et se développa entre le XIIIème et le XVème siècle jusqu’à son annexion au royaume voisin d’Ayutthaya. Si cette ancienne cité ne connut pas la longévité d’Ayutthaya (417 ans, XIVème – XVIIIème siècle), son essor architectural et religieux laissa une ville florissante aux multiples temples qui font aujourd’hui toute la splendeur de ce parc historique classé au patrimoine mondial de l’Unesco. S’étendant sur des kilomètres, il vaut mieux se munir d’un vélo pour partir à la rencontre des nombreux temples et bouddhas qui peuplent l’ancienne ville de Sukhothai et qui font aujourd’hui toute sa magie.
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Contrairement à Ayutthaya dont les vestiges sont disséminés à travers la ville moderne, l’ancienne ville de Sukhothai constitue aujourd’hui un parc historique à part entière. On peut ainsi admirer les temples restaurés se refléter dans l’eau des étangs qui les entourent. Trouvant leurs racines architecturales dans la mythologie hindou, religion dominante avant l’expansion du bouddhisme, les temples étaient en effet entourés de fossés d’eau qui représentaient la mer séparant les hommes des dieux. Aujourd’hui, ces fossés recouverts de fleurs de lotus s’ouvrant avec la fraîcheur du matin, offrent un spectacle tout simplement magique. La partie du parc la plus visitée est la partie centrale où se trouve le Wat Mahatat, le cœur religieux de l’ancienne Sukhothai. D’autres temples qui demeurent cependant situés en dehors des frontières du parc sont aussi à découvrir. Pour la plupart peu visités, ils constituent pourtant un superbe héritage historique à ne pas manquer.
Parc historique central de Sukhothai
Le Wat Mahathat
Le Wat Mahathat est le temple principal de Sukhothai. Il jouxtait autrefois le temple royal aujourd’hui presque entièrement disparut (contrairement aux temples, seuls édifices à être construits en pierre, le palais royal n’a pas résisté au temps). La construction du temple commença sous le règle du roi Inthradit (1239-1259), fondateur de la cité (cf. article sur l’histoire de Sukhothai) et continua sous les souverains suivants avant d’être finalement achevé sous le roi Li Thai en 1345. Sous le règne de Rama Khambeng, le Wat Mahathat devint le centre religieux de Sukhothai. La structure dominante de ce temple est son chedi (tour en forme de cloche représentant un bouton de fleur de lotus, caractéristiques de l’architecture de Sukhothai) recouvrant une ancienne tour khmer. 168 petits bouddhas en stucs entourent le chedis, marchant dans le sens des aiguilles d’une montre. Ce chedi pourrait contenir un os du dos de Bouddha et un cheveux qui auraient été apportés du Sri-Lanka au milieu du XIVème siècle. Le Wat Mahathat comprend également un hall appelé « Vihara » (que l’on retrouve dans les autres temples de Thaïlande) et un hall d’ordination, « uposatha », où étaient ordonnés les moines. Enfin, 8 autres chedis entourent le centre du temple. Un bouddha assis en bronze veillait autrefois sur le War Mahathat. Commandé par le roi Li Thai en 1362 il fut finalement déplacé sous le règne du roi Rama I, premier roi de l’actuelle dynastie des Chakri, à Bangkok. Un autre bouddha debout (position représentant l’absence de peur) en stuc, haut de 12 mètres, s’occupe à présent de garder le temple (cf. photo ci-contre).
A l’intérieur du Wat Mahathat, en explorant les vestiges à ciel ouvert exposés à la douce lumière du soleil et offerts à l’écoulement silencieux du temps, tout n’est que calme et sérénité. Une tranquillité à peine troublée par les autres touristes présents, étonnamment peu nombreux. Une légère brise atténue la chaleur des rayons du soleil qui tombent sur nos têtes et sur les monuments en briques de couleur ocre. Quelques petits oiseaux au plumage noir et jaune ont élu domicile dans les niches des chedis, autrefois destinés à recueillir les icônes de Bouddha. Si l’on tend l’oreille, on peut se laisser bercer par leur chant si particulier émis au rythme de leurs sautillements de pierre en pierre.
Le Wat Si Sawai
Près du Wat Mahathat se tient une autre merveille du site, le Wat Si Sawai dont l’architecture typiquement khmer interpelle l’oeil du visiteur. Avant de pénétrer dans l’enceinte du temple, j’esquive de justesse une petite tortue recroquevillée dans sa carapace. Elle semble perdue dans la grande étendue d’herbe verte dans laquelle elle se confond. A l’intérieur, la différence architecturale avec le Wat Mahathat que nous venons de quitter est frappante. Ce temple d’origine khmer était dédié à la déesse hindou Shiva. Son nom « Si Sawai » aurait d’ailleurs une double signification. Il signifierait « temple des mangues » (le temple est entouré d’arbres à mangues) mais son nom pourrait aussi venir de « Si Siwai Hi » évoquant la déesse indienne Shiva. Le temple est composé de trois superbes prangs (tours khmers représentant le mont Meru, demeure des dieux hindous) construits par le roi khmer Jayavarnan VII d’Angkor (fin XIIème – début du XIIIème siècle) et achevés au XIVème siècle.
Le Wat Si Sawai est un bel exemple des changements religieux induits par l’expansion du bouddhisme qui remplaça peu à peu l’hindouisme. Ainsi, le Wat Si Sawai fut dédié aux divinités brahmaniques hindous de l’empire khmer (qui contrôlait autrefois Sukhothai, avant-poste khmer, avant que le prince Indrathit n’en fasse la capitale d’un royaume siam indépendant – cf. histoire de Sukhothai) avant de devenir un lieu de culte bouddhiste. On y trouve des traces laissées par l’hindouisme comme les figures de Garudas à forme d’oiseaux et les nagas, serpent qui sert le dieu Vishnu.
La Wat Tra Phang Ngoen
Composé d’un hall d’ordination situé sur une petite île artificielle, d’un vihara et d’un superbe chedi, le Wat Tra Phaeng Ngoen bénéficiait d’un ingénieux système d’irrigation alimentant les fossés en eau. L’eau provenait d’une colline située à 3 kilomètres au sud de la ville. L’eau occupait une place fondamentale à Sukhothai, représentant la vie mais également la pureté. Conçu pour accueillir sur sa façade le soleil levant, le temple est gardé par un bouddha en marche, typique du renouveau religieux de Sukhothai et créé sous le règne du roi Li Thai (cf. article sur l’histoire de Sukhothai).
Le Wat Sa Si
Ce magnifique temple trône au milieu d’un petit étang artificiel. On y accède grâce à un petit pont. On peut y observer des pierres en forme de pétales de lotus qui délimitent le hall d’ordination ainsi qu’un chedi d’inspiration sri-lankaise. On peut également y admirer un immense bouddha ainsi qu’un plus petit bouddha noir en marche. Jusqu’en 1978, une route traversait le temple. Conscient des conséquences néfastes pour le monument historique, le département des arts de Thaïlande détourna la route afin de préserver les vestiges.
Le Wat Sorasak
Ce superbe temple est situé à un peu l’écart du parc dans la forêt. Il se distingue par la base de son chedi protégée par des éléphants en pierre qui entourent la structure. Il fut construit en 1412. Selon l’inscription en pierre retrouvée sur le site, le temple aurait été édifié par un certain Nai Inthara Sorasak en l’honneur du gouverneur de Sukhothai, Okya Dharmaraja, qui lui aurait accordé des terres. L’oncle du gouverneur fut plus tard invité à résider dans ce temple.
Le nord, l’ouest et l’est du parc historique de Sukhothai
D’autres merveilles historiques peuvent être observées hors des frontières du centre du parc de Sukhothai, dans la partie nord, ouest et est en franchissant les vieux remparts de Sukhothai. Parmi ces richesses que l’histoire nous a laissées en héritage, se trouvent notamment le Wat Phra Phai Luang et le gigantesque bouddha Achana. D’autres temples plus petits et moins restaurés, excitent certes plus difficilement l’imagination mais offrent aux visiteurs le privilège de se sentir pendant quelques instants, tels des explorateurs dans les ruines d’une cité abandonnée il y a des siècles.
Le Wat Phra Phai Luang
Signifiant « temple du grand vent », ce temple peu visité est pourtant un temple incontournable de Sukhothai. Il revêt une importance historique capitale. Il fut autrefois le second centre religieux le plus important de Sukhothai.
Construit à différentes périodes de l’histoire de Sukhothai, il est une illustration de l’évolution de l’art et de l’architecture de la cité. Les plus vieux monuments composant cet ensemble religieux sont trois prangs d’inspiration khmer. Ils auraient été construit sous le règne du roi Chaya Rama VII (1191-1218), le second roi khmer à s’être converti au bouddhisme. Seuls les fondements de deux d’entre eux peuvent encore aujourd’hui être observés. De plus récents bâtiments auraient ensuite été édifiés dans une combinaison du style khmer et de l’art de Sukhothai.
Le Wat Si Chum
A quelques quelques minutes en vélo du Wat Phra Phai Luang, se trouve une impressionnante statue de bouddha assis, la main droite tournée vers le sol, symbolisant la victoire de Bouddha sur le mal incarné par le démon Mara. Cette dernière, aurait assailli Bouddha au moment où celui-ci allait atteindre l’état de l’éveil. Bouddha aurait touché le sol pour appeler la déesse de la terre. La déesse défit ses cheveux faisant alors déferlant des flots emportant au loin de démon.
Le nom de ce Bouddha, Achana, aurait été retrouvé sur une inscription en pierre. Achana, signifierait ainsi « celui qui n’a pas peur ». On le croit volontier lorsque l’on contemple depuis le sol cette immense statue de 11,30 mètres de haut du XIVème siècle. La statue fit l’objet de travaux de restauration en 1953 et 1956 et est encore vénérée aujourd’hui, comme en témoignent les offrandes se trouvant à ses pieds.
L’Ouest du parc historique de Sukhothai
Le Wat Saphan Hin, Le Wat Khao Phra Bat Noi, le Wat Chang Rop, Le Wat Chedi Ngam. Autant de temples peu connus et peu visités qui sont disséminés dans l’ouest du parc historique de Sukhothai. Moins imposants que des temples comme le Wat Mahathat (cf. ci-dessus) ils sont pourtant tout aussi envoûtants. Ces temples sont à découvrir à vélo ce qui est aussi l’occasion d’admirer la campagne environnante. Le Wat Aranyik, le Wat Mangkorn, le Wat Pa Sak et le Wat Pa Ma Muang sont aussi à explorer.
Le plus imposant d’entre eux demeure le Wat Saphan Hin. Situé en haut d’une colline accessible en montant un chemin entièrement constitué de pierres sommairement assemblées, le temple abrite un gigantesque bouddha debout. L’ascension demande un petit effort mais le mérite largement. Car la visite est aussi l’occasion d’admirer la vue donnant sur l’ensemble du parc. Ce temple pourrait être celui où le roi Rama Khambeng se rendait pour prier Bouddha, sur le dos d’un éléphant blanc.
L’Est de Sukhothai
La partie est de Sukhothai offre d’autres surprises. Cachés dans la ville moderne, certains temples ne se révèlent pas facilement au regard des visiteurs. Leur éloignement fait qu’ils sont également peu visités. Parmi eux, le Wat Chang Lom m’a particulièrement séduite. Il s’agit d’un temple protégé par 32 éléphants de pierre, semblant veiller jalousement sur le chedi de pierre. Mais un autre animal s’est glissé dans le décor au moment de notre visite. Un paisible troupeau de vaches s’était en effet installé au pied du temple, broutant l’herbe environnante. Enfin, le Wat Chedi Sung et le Wat Tra Phang Thong qui est encore en activité aujourd’hui, font également le délice des yeux des visiteurs.
C’est sur un couché de soleil tombant sur ce temple où des moines vaquent tranquillement à leurs activités, que s’achève notre visite. Après deux jours passés bien trop vite dans ce merveilleux parc, nous avons poursuivi notre voyage à la découverte d’une autre région et d’un ancien royaume de Thaïlande, celui de Lan Na dont la capitale est l’actuelle ville de Chiang Mai. Découvrez son histoire en cliquant ici
Si vous souhaitez en savoir plus sur les merveilles du site de Sukhothai, je vous conseille de lire :
Thailand, A traveller’s companion – Dusit International – Asia books
Guide to Sukhothai, Si Satchanalai and Kamphaeng Phet Historical Parks
Lonely Planet Thaïlande, nouvelle édition
National Geographic Thaïlande
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