Stonehenge, ce mystérieux cercle de mégalithes situé dans le Sud-Ouest de l’Angleterre n’a cessé depuis des siècles de fasciner et d’attiser une insatiable curiosité. Ce site énigmatique a donné naissance à de nombreuses théories sur sa construction, sa raison d’être et a alimenté les légendes les plus folles. Lieu de culte pour les druides celtes, enceinte sacrée de guérison, cimetière, calendrier annonciateur du solstice d’été, les hypothèses ne manquent pas. Et les légendes sur sa construction non plus. Comment de tels blocs de pierre, lourds de plus de 30 tonnes pour certains, ont pu être transportés, 3000 ans avant notre ère ? Un des mythes associés à Stonehenge voudrait que les pierres aient été déplacées par Merlin l’enchanteur lui-même ! Qui a construit Stonehenge et quand ? Dans quel but ? Quels sont les secrets qui entourent ce monument mythique de l’âge du bronze ? C’est avec toutes ces interrogations en tête et trépignant d’impatience à l’idée de découvrir ce lieu qui fait vibrer les imaginations depuis des siècles, que je me suis rendue sur le site Stonehenge.
Quand et comment Stonehenge aurait été construit ?
Il est extrêmement tendant de se laisser emporter par son imagination face à ce monument spectaculaire. Je pourrais presque céder à la légende de Merlin selon laquelle le magicien serait le bâtisseur de Stonehenge. Cette fable remonte au début du XIIème siècle. Geoffrey de Monmouth, évêque et chroniqueur anglais au service d’Henri Ier d’Angleterre, rapporte dans son « Histoire des rois de la Grande-Bretagne » que les pierres auraient été importées d’Afrique jusqu’en Irlande par une tribu de géants. Puis, Merlin aurait fait voler ces pierres pour traverser la mer pour finalement les faire dresser dans la plaine de Salisbury où elles se tiennent actuellement. Le tout en l’honneur du roi Arthur.
Loin de la légende, le site de Stonehenge aurait en réalité été édifié en quatre étapes entre 3100 et 1500 avant notre ère, soit entre le néolithique et l’âge du bronze. Un premier cercle de pierres aurait été installé et y serait resté pendant 200 ans. Puis un cercle d’énormes pierres levées serait venu le remplacer. Un second cercle de pierres plus petites, dites les « pierres bleues », aurait ensuite été installé à l’intérieur et à l’extérieur. Enfin, un dernier cercle d’immenses blocs de grès « sarcen », des mégalithes de près de 30 tonnes reliés entre eux par d’autres pierres posées à l’horizontale, serait venu fermer la structure. Chose étrange, les pierres bleues proviendraient en réalité du Pays de Galles, soit plus de 250 kilomètres à l’Ouest du pays. Quand et comment ? Transporter ces pierres a dû constituer un exploit extraordinaire. Cela pose aussi la question suivante : pourquoi ces pierres ont été importées de si loin, au mépris de nombreuses difficultés ? Une question qui demeure pour l’instant sans réponse.
Après avoir connu un âge d’or (entre 2100 et 1900 avant J.C.), le site sombra peu à peu dans l’oubli. Il fut victime de pillages, des pluies et du vent, lui donnant l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui.
A quoi Stonehenge était destiné ?
Stonehenge a souvent été considéré comme un calendrier annonciateur des solstices marquant le passage d’une saison à l’autre. En 2013, de nouvelles fouilles archéologiques ont révélé la présence d’une voie d’accès au site surnommée « l’Avenue ». Selon les archéologues, il pourrait s’agir d’un chemin processionnel conduisant vers Stonehenge. Cette découverte a renforcé l’hypothèse selon laquelle les solstices auraient joué un rôle essentiel dans l’usage qui été fait de Stonehenge. L’Avenue était en effet orientée selon l’axe des solstices (en savoir plus sur cette découverte en cliquant ici et ici).
Et si Stonehenge n’avait pas une seule utilité mais plusieurs usages qui auraient évolué au fil des âges ? C’est ce que pourrait bien nous apprendre d’autres fouilles conduites en 2008. Ces recherches ont révélé l’existence de plusieurs trous, témoignant d’aménagements constants. Stonehenge aurait été actif pendant près de 2000 ans, chaque peuple et génération aurait ainsi pu contribuer à une évolution des usages.
Et si Stonehenge n’avait pas une seule utilité mais plusieurs usages qui auraient évolué au fil des âges ? C’est ce que pourrait bien nous apprendre d’autres fouilles conduites en 2008. Ces recherches ont révélé l’existence de plusieurs trous, témoignant d’aménagements constants. Stonehenge aurait été actif pendant près de 2000 ans, chaque peuple et génération aurait ainsi pu contribuer à une évolution des usages.
Selon les archéologues Timothy Darvill et Geoffrey Wainwright, les petites pierres bleues précédemment évoquées, seraient la clé pour résoudre une partie du mystère. Elles seraient l’élément central du site et auraient pu avoir une vertu curative. Les malades et les blessés auraient ainsi pu se rendre sur le site et emporter avec eux quelques morceaux de ces pierres bleues dans l’espoir de guérir. Ces pierres bleues importées du Pays de Galle auraient possédé une vertu curative en raison de leur proximité avec des sources curatives, considérées pendant très longtemps comme sacrées.
La découverte de nombreux ossements dans les environs du site présentant des anomalies et des traumatismes semble aller dans le sens de cette hypothèse. C’est le cas par exemple de la tombe de « l’archer d’Amesbury » située à 5 kilomètres de Stonehenge. Découverte en 2002, il s’agit d’une des plus vielles tombes néolithiques. Elle daterait de près de 2000 avant J.C. L’homme a été retrouvé enterré avec des bijoux et des pointes de flèches. Son squelette complet et bien conservé a permis aux équipes d’archéologues d’en savoir plus sur cet homme. Un détail a attiré leur attention. Le squelette de l’homme avait une rotule brisée, une blessure faite de son vivant. Or d’autres détails ont permis d’établir que l’homme n’était pas de la région mais serait en réalité originaire des Alpes. Il aurait donc voyagé jusqu’à Stonehenge pour une raison bien précise. Mais laquelle ? S’agissait-il de guérir sa blessure au genou (ou ses blessures car l’homme souffrait également d’une infection dentaire) ?
« Ce que nous dévoile aussi Stonehenge c’est une société basée sur une agriculture aboutie permettant de dégager le surplus d’aliment nécessaire pour nourrir les milliers d’ouvriers travaillant à la construction du monument »
Quoi qu’il en soit, Stonehenge semble être le résultat d’un projet étalé sur des siècles qui a connu de nombreuses évolutions, autant dans son apparence que dans son usage. Ce que nous révèle aussi Stonehenge selon le professeur Wainwright, c’est le mode de vie des habitants de la région à l’époque de la construction du monument. L’édification de Stonehenge a en effet dû nécessiter toute une armée d’ouvriers ainsi que des gardes pour protéger le site, soit des gens qui ne chassaient pas et ne cultivaient pas la terre. Une telle organisation nécessitait donc un surplus de nourriture que seule une société basée sur une agriculture aboutie et efficace pouvait fournir.
Ainsi, quelles que soient les raisons qui ont poussé des hommes à construire Stonehenge, cet édifice mystérieux semble indiquer que ces individus appartenaient à une société qui connaissait et maîtrisait l’agriculture. Une société également marquée par la mobilité et l’échange entre les populations. Le bouche à oreille pourrait ainsi bien être à l’origine de la notoriété de ce site aux vertus magiques et sacrées.
Stonehenge ne finit pas de fasciner. De nouvelles théories sont régulièrement publiées. En 2013, une nouvelle hypothèse sur l’utilité du site a été avancée. Une hypothèse pour le moins originale avançant que Stonehenge aurait également pu être un centre musical, ses pierres servant de xylophone géant (en savoir plus en cliquant ici). Mais le mystère pourrait aller bien au-delà du simple cercle de pierres de Stonehenge. En 2015, 90 pierres couchées et enterrées sous un mètre de terre ont été découvertes près du site de Stonehenge grâce à des techniques de prospection géophysique. Ce site imposant daterait de près de 4500 ans ce qui en ferait un site contemporain ou antérieur à Stonehenge, selon le Stonehenge Hidden Landscapes Project en charge du projet. Le monument aurait pu compter jusqu’à 200 pierres. D’après l’archéologue Wolfgang Neubauer, les pierres manquantes auraient pu être utilisées pour la construction de Stonehenge. Une découverte qui change l’histoire du site selon l’archéologue (en savoir plus en cliquant ici). Plus que jamais, Stonehenge demeure un mystère qui semble à la fois se lever et s’épaissir à mesure des découvertes archéologiques.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet je vous conseille de lire cet article de la BBC History, « Discovering secrets » ou le Spécial Historia n°120 « Les grandes énigmes de l’archéologie »[
2 commentaires