Colysée de Rome

Rome antique : le plomb, un problème majeur de santé publique?

27 avril 2014 – Le saturnisme (maladie due à une intoxication chronique par l’absorption de plomb provoquant notamment un risque de retard mental chez les enfants, troubles neurologiques, cancers, etc.) a longtemps été considéré comme étant en partie responsable de la chute de l’Empire romain. Inconscients du danger, les Romains utilisaient en effet du plomb dans leur système de canalisation et de distribution de l’eau courante. Si plusieurs études ont contesté cette hypothèse, le plomb n’en demeure pas moins considéré comme un problème majeur de santé publique pour les Romains. Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs lyonnais (impliquant notamment le CNRS et l’INSU) s’est également penchée sur la question en tentant de mesurer l’impact de la présence de plomb dans l’eau sur la santé des habitants de la Rome antique.

En mesurant les compositions isotopiques du plomb dans les sédiments du bassin portuaire de la Rome impériale (Portus) et du Tibre (fleuve de Rome) et en s’appuyant sur des échantillons de tuyaux de plomb issus de canalisations de la Rome antique, les scientifiques ont mesuré le risque que la présence de plomb dans l’eau constituait pour les Romains. Les résultats de cette étude ont révélé la présence d’une forte contamination au plomb dans les eaux du Tibre durant le Haut-Empire romain et le Haut Moyen Âge. L’eau courante de la Rome antique contenait selon les chercheurs jusqu’à 100 fois plus de plomb que les eaux des sources locales. Cette pollution provenant des tuyaux de canalisation de Rome aurait multiplié par deux les teneurs en plomb par rapport à celles naturellement présentes dans les eaux du Tibre. Pourtant, cette pollution n’aurait pas été suffisamment élevée pour présenter un risque majeur pour la santé des Romains.

Cette étude fait également du plomb un traceur de l’histoire de Rome. Les scientifiques ont ainsi mis en évidence des discontinuités du signal isotopique du plomb identifié dans les dépôts sédimentaires étudiés, qui correspondraient à des événements historiques majeurs de Rome. Les chercheurs auraient ainsi détecté le signal de l’apogée de l’Empire romain au Haut-Empire, les premiers troubles du Bas-Empire, les guerres gothiques du Haut Moyen Âge et des raids sarrasins au IXème siècle. Enfin, l’étude a permis d’identifier l’origine géologique des minerais de plomb présents dans les canalisations. Les résultats viennent ainsi appuyer l’importance de l’exploitation des mines d’Europe occidentale durant le Haut-Empire romain.

Source : Actualités du CNRS-INSU, en savoir plus en cliquant ici