Ephèse, ancienne citée grecque fondée vers 1000 avant notre ère, située dans l’actuelle Turquie. Véritable joyaux de l’antiquité, elle fut l’une des villes les plus puissantes de l’époque romaine. Placée sous la protection d’Artémis, elle connut son apogée en tant que capitale de la province romaine d’Asie mineure. Ephèse fut aussi une ville clé dans l’expansion du christianisme. La vierge Marie y aurait passé la fin de ses jours, protégée par Saint-Jean l’Evangéliste à qui Jésus aurait confié sa mère avant de mourir.
Histoire d’Ephèse
La cité d’Ephèse aurait connu son âge d’or entre le IIème siècle avant notre ère et le Ier siècle. Elle devait notamment sa puissance à son port, l’un des plus importants de la mer Égée. Puis, selon les historiens, cette cité opulente aurait été progressivement abandonnée et définitivement désertée au VIIème siècle. La ville aurait été victime de séismes et de l’envasement progressif de son port qui avait autrefois fait sa richesse. Ses habitants auraient de plus dû faire face à des épidémies de malaria tandis que les raids des Sassanides (peuple qui régna sur l’Iran du IIIème au VIIème siècle) au début du VIIème siècle auraient finalement provoqué la fin de la cité.
Pourtant, de récentes découvertes archéologiques semblent montrer que la ville aurait continué de vivre après le VIIème siècle. Un chantier de fouilles conduit par l’archéologue Sabine Ladstaetter a permis de mettre au jour une maison qui aurait été occupée jusqu’au XIVème siècle.
Découverte en 2012, la maison a été excavée en 2015. Cette bâtisse de près de 500 m2 comportait une cour avec un sol en marbre et des mosaïques. Des pièces d’outils pour la production de vin et d’huile d’olives ont également été retrouvées.
Si la date de l’abandon d’Éphèse est aujourd’hui remise en question, il est en tous cas certain que l’antique cité a sombré dans l’oubli pendant des siècles. Aujourd’hui, Ephèse voit de nouveau le jour grâce aux fouilles archéologiques et aux intensifs travaux de restauration.
Meurtre de la sœur de Cléopâtre à Éphèse
La ville d’Ephèse pourrait bien abriter un autre mystère. Elle aurait en effet été le théâtre d’un meurtre : celui d’Arsinoe IV, la demi-soeur de Cléopâtre, assassinée sur ordre de la reine d’Egypte.
Nous sommes en 49 avant J.C. Cléopâtre est alors en plein conflit avec son frère et époux Ptolémée XIII, mais également avec sa sœur Arsinoé. Au cœur de la dispute, la lutte de pouvoir et la posture à adopter face à un empire romain plus que jamais conquérant et qui finira tôt ou tard par dominer l’Egypte. Faut-il s’opposer à la soif de conquête de Rome ou bien au contraire tenter de l’amadouer ? Cléopâtre que Ptolémée XIII a envoyé en exil, était plutôt partisane de la seconde solution. Elle réussit à rallier Jules César auprès d’elle. Selon la légende, Cléopâtre serait parvenue à déjouer la surveillance de son frère et à s’introduire auprès de César, alors en Egypte pour régler le conflit royal, en se faisant transporter dans un tapis. Une extravagance qui n’eut sans doute pas manqué de séduire le stratège.
Cette alliance fut perçue comme une véritable trahison par Arsinoe et Ptolémée XIII qui tenta de chasser les Romains hors d’Egypte. En 48 avant notre ère, la garde fidèle au jeune pharaon prit les armes et assiégea le palais où César avait établi ses quartiers. César répliqua en prenant Arsinoe et Ptolémée XIII en otage. Cet épisode est connu sous le nom de « guerre d’Alexandrie ». Mais Arsinoe parvint à s’échapper et elle rejoint ses partisans qui la proclamèrent reine d’Egypte. Elle lança alors avec ses troupes une attaque contre le phare d’Alexandrie dont César avait pris possession. Il échappa de peu à la mort.
Pourtant, la victoire d’Arsinoe fut de courte durée. Les renforts de l’armée romaine parvinrent jusqu’à Alexandrie et capturèrent la jeune reine. Symbole du triomphe de César, elle fut ramenée à Rome en 46 avant J.C.. César la fit défiler enchaînée devant le peuple romain. S’il ne la fit pas exécuter (Arsinoe n’était alors qu’une jeune fille et a pu susciter la pitié du peuple romain), elle aurait en revanche été bannie et envoyée en exil à Ephèse où elle trouva refuge dans le sanctuaire d’Artémis (déesse protectrice de la ville d’Ephèse), auprès du grand prêtre de la déesse. Le temple d’Artémis, septième merveille du monde de l’antiquité, était également connu pour abriter des exilés politiques.
Malgré tout, Arsinoe constituait toujours un danger potentiel pour Cléopâtre. En 41 avant J.C., la reine aurait obtenu avec l’aide de Marc Antoine (suite à la mort de César), qu’elle soit arrachée de cet asile pour être mise à mort. Cléopâtre aurait également exigé de punir le grand prêtre qui avait recueilli Arsinoe mais le peuple d’Ephèse s’y opposa. Il plaida sa cause auprès de Marc Antoine et obtint gain de cause. La découverte en 1926 d’une tombe comportant des ossements de femme semble corroborer l’hypothèse de l’assassinat d’Arsinoe à Ephèse. Des examens réalisés en 2007 ont par ailleurs permis de dater ces ossements entre 200 et 20 avant notre ère et d’établir qu’ils étaient ceux d’une jeune femme.
Visite de la ville antique
C’est avec une certaine émotion que j’ai fait mes premiers pas dans cette cité en ruines. Qu’il est étrange de penser qu’au sommet de sa gloire, nul ne pouvait alors imaginer le déclin de cette cité florissante qui devait sembler éternelle aux yeux de ses contemporains. Aujourd’hui, ses temples, ses bas reliefs, ses colonnes, ses théâtres, ses maisons mais également ses lieux de vie comme les latrines ou la maison close, nous offrent le témoignage du lointain quotidien d’une cité autrefois fourmillante de vie.
Baignant dans la chaleur brûlante du soleil, ces vestiges témoins d’une période glorieuse depuis longtemps révolue nous apparaissent dans toute leur splendeur. A commencer par le théâtre. Il était autrefois relié au port par une longue voie bordée de colonnes, la voie Arcadienne, recouverte de marbre blanc. C’est dans ce théâtre qui pouvait accueillir jusqu’à 25 000 habitants, que se déroulaient des combats de gladiateurs dont plusieurs corps furent retrouvés dans la nécropole, montrant ainsi la popularité de certains de ces combattants élevés au rang de héros malgré la bassesse de leur statut social.
C’est également dans cet édifice que Saint-Paul prêcha le christianisme au Ier siècle, déclenchant des émeutes dans la ville, ses habitants préférant alors encore le culte d’Artémis au christianisme. La ville est en effet célèbre pour le rôle qu’elle joua dans l’expansion du christianisme. Deux grands conciles d’y tinrent en 431 et 449 de notre ère et Ephèse devint avec l’avènement du christianisme l’un des principaux diocèses de la région avec Jérusalem et Antioche.
En remontant la rue de marbre depuis le théâtre, nous atteignons une autre merveille de la ville, la bibliothèque de Celsius. Fondée au IIème siècle en l’honneur du gouverneur Celsius, elle aurait contenu des milliers d’ouvrages. De cette bibliothèque en partie détruite par les Goths et un tremblement de terre, il ne subsiste que sa magnifique façade. Savamment restaurée, elle est ornée de colonnes de marbre, de frises finement sculptées et de niches accueillant quatre statues : Sofia, Ennoia, Episteme et Arete, chacune représentant une qualité clé de Celcius : la sagesse, l’intelligence, la science et la vertu.
Quelques mètres plus loin se trouve le magnifique temple d’Hadrien, érigé en l’honneur de l’empereur au IIème siècle. Sa façade est parée de quatre colonnes corinthiennes et surmontée d’une voute élégamment sculptée. Au fond du temple, une figure domine tout le reste, celle de méduse pour éloigner les mauvais esprits.
En continuant à remonter la rue principale, on parvient à la fontaine de Trajan et aux portes d’Hercule représentant le héros vêtu de la peau du lion de Némée. Plus loin se trouve l’odéon, petit théâtre de 1 500 places construit en 150.
Je n’ai à mon grand regret pas eu le temps de m’arrêter au fameux temple de la déesse Artémis situé à l’extérieur de la ville. Symbole de la ville d’Ephèse, il est l’une des sept merveilles du monde antique qui soit encore visible, bien qu’il n’en reste que quelques ruines.
Une partie de ces siècles d’histoire se retrouve au musée d’Éphèse où se concentrent les richesses extraites du sol lors des fouilles archéologiques. Si le site d’Ephese fait l’objet de recherches depuis plus d’un siècle, seulement 3 à 5 % du sol aurait été jusqu’à présent fouillé, la priorité étant donnée au conditionnement des objets déjà mis au jour. D’autres découvertes à venir pourraient ainsi nous en apprendre davantage sur cette antique et extraordinaire cité.
Pour en savoir plus sur Ephèse et la mort d’Arsinoe je vous conseille :
« Marc-Antoine, dernier prince de l’Orient grec », François Chamoux, Arthaud, 1986
« Cléopâtre, portrait d’une tueuse », documentaire réalisé par Paul Elston, 2009
« Turks and Ephesians lived together« , Hurriyetdailynews.com, 4 août 2015
Bonjour,
Merci beaucoup pour cet article très agréable à lire, et qui donne envie d’endosser son sac pour arpenter cette ville antique.
Attention : la photo d’une des quatre statues de la Bibliothèque de Celcus n’est pas celle de d’Ennoia, mais celle de Sophia (sagesse) comme indiqué sur le socle (SOFIA KELSOU).
Merci pour votre commentaire, c’est modifié! N’hésitez pas si vous avez d’autres remarques.
A bientôt!
Bonjour Madame Bontemps
Merci pour votre site faisant du bien à l’âme
et bon courage pour la suite
très respectueusement
Xavier Guérin
Bonjour Madame,
Votre site est fort intéressant ;il me permet de voyager et de découvrir des lieux inaccessibles pour moi .
Je vous en remercie.
Marcelle Dedieu
Bonjour
Merci pour cet article riche en informations. Il m’a vraiment intéressé, d’autant plus que j’ai prénommé ma fille aînée « Ephèse », en référence à l’importance qu’a eue cette ville dans l’expansion de l’Evangile. Je suis chrétien engagé, et je suis heureux que votre article confirme cette importance qui m’a poussé à donner ce nom à ma fille.
Dieu vous bénisse et vous garde longtemps !
Roger
Merci pour cet article … j’apprends beaucoup de chose ..
Bonne continuation.
Be blessed
Gilles