Découverte archéologique en Alsace

Des découvertes archéologiques révèlent 6900 ans d’histoire en Alsace

© Denis Gliksman, Inrap

26 octobre 2013 – D’importants travaux de fouilles conduits par l’Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) viennent de s’achever à Obernai dans le Bas-Rhin, pour révéler plus de 6900 ans d’histoire. Des traces de sociétés néolithiques, gauloises, gallo-romaines et mérovingiennes ont été mises au jour sur plus de 7,5 hectares. Ces découvertes devraient permettre d’en savoir plus sur l’évolution culturelle et les mouvements de population sur ce territoire.

Les archéologues ont mis au jour un ensemble funéraire du Néolithique composé d’une vingtaine de tombes datant pour les plus anciennes, de 4900 à 4750 ans avant J.C., et une quinzaine d’autres sépultures néolithiques situées dans un autre secteur de fouilles. Les défunts ont été pour la plupart retrouvés avec des colliers et des bracelets de perles de calcaire ou de nacre. L’un d’eux portait deux anneaux-disques en pierre. S’ajoutent à cela, la découverte d’outillages en silex et de céramiques décorées permettant de dater cette période d’occupation vers 4750 avant notre ère, une époque où les vastes nécropoles « danubiennes » laissaient progressivement place à de petits ensembles sépulcraux.

Le site a également livré des vestiges d’une ferme gauloise situant son occupation vers 150 à 130 avant J.C. Composée d’un enclos de 8000 m² dont l’intérieur comporte des traces de bâtiments et de fosses de stockage, la ferme a aussi révélé du mobilier (fibules, parure en verre, céramique, amphores, monnaies…), indiquant la richesse de son propriétaire. Un ensemble de structures d’habitat, des fragments de crânes humains, d’armes et quelques sépultures d’enfants et d’animaux ont aussi été découverts sur le site, pouvant indiquer la présence d’un sanctuaire.

Enfin, le site aurait été occupé il y a près de 1650 ans sous la période mérovingienne et aurait pu être le témoin de l’installation d’une communauté orientale sur le territoire correspondant aujourd’hui à l’Alsace, à la fin de l’Empire romain. Une nécropole mérovingienne composée de dix-huit sépultures orientées ouest/est, selon le rituel de l’époque, a été soigneusement étudiée par les archéologues. Quatre tombes contenaient des objets, dont des boucles d’oreilles en argent retrouvées dans trois d’entre elles. Une des tombes abritait la sépulture d’une défunte portant deux petites épingles en or maintenant un vêtement ou un voile sur sa poitrine. Elle était inhumée avec différents objets : miroir en argent (similaire à ceux utilisés par les populations alano-sarmates dans le Caucase), plusieurs grandes perles de verre coloré et d’ambre, et même une pince, un cure-oreille et un peigne triangulaire en bois de cerf, orné de motifs géométriques et de têtes de chevaux.

Mais le plus étonnant réside dans l’origine des défunts indiquée par la présence d’un crâne volontairement déformé. A cette époque, cette pratique était attribuée aux Huns d’Asie centrale qui affirmaient ainsi leur statut social. De telles sépultures ont aussi été découvertes en Gaule du Nord, en Germanie et en Europe orientale. La richesse du mobilier laisse ainsi penser que les tombes appartenaient à de hauts dignitaires et à leur famille, d’origine orientale, intégrés à l’armée romaine au temps de « grandes migrations ».

En savoir plus sur cette découverte sur le site de l’Inrap