Montmélian, petite ville située non loin de Chambéry et d’Albertville où peu de voyageurs d’attardent faute de bien la connaître, et qui possède pourtant un riche passé historique. Ancienne ville fortifiée, Montmélian a connu bien des événements, en particulier de longs sièges qui ont progressivement taillé son histoire mais également malmené cette ville, la réduisant à l’état de simple bourg vivant dans l’ombre de sa voisine Chambéry.
Quelques vestiges témoignent du passé de Montmélian, de l‘époque gallo-romaine au le Moyen-âge. Si les restes du fort et les remparts de Montmélian (situés face aux frontières instables du Dauphiné disputés jusqu’en 1760) rappellent son passé guerrier, les fouilles récemment menées à Arbin, petite commune voisine de Montmélian, ont révélé des traces d’habitations gallo-romaines. Ces découvertes témoignent des traces laissées par la route romaine reliant Milan et Vienne, et plus tard Lyon, sur le Rhône.
Montmélian au Moyen-Âge
Montmélian, c’est la ville de mon enfance, une ville à laquelle je portais pourtant peu d’intérêt étant enfant, la jugeant ennuyeuse, et que j’ai progressivement redécouverte en grandissant pour me rendre compte de la richesse de son passé conflictuel.
Bâtie sur un énorme bloc de rocher surplombant l’Isère, seul endroit où il fut possible de construire un pont sur ce torrent capricieux et violent, Montmélian devint par sa position stratégique un ensemble fortifié où se développa en son flanc une petite ville. Pont et fort contribuèrent au développement économique et administratif de Montmélian mais furent également à l’origine des aventures guerrières qui façonnèrent son histoire. De nombreux châteaux et fermes fortifiées qui nous sont parvenus, situés aux alentours de Montmélian, rappellent ce passé belliqueux.
Le développement de Montmélian aurait pu être tout autre. Au Moyen-âge, avant que la maison de Savoie ne s’installe à Chambéry, Montmélian fut souvent fréquentée par une cour alors nomade. La vie religieuse s’y développa également. Paroisses et couvents émergèrent, comme celui des Dominicains (1318/1336) et celui plus récent des Capucins (1599). Mais plusieurs facteurs empêcheront Montmélian de développer pleinement son potentiel agricole et économique, à commencer par l’Isère elle-même. Cette rivière impétueuse ne sera endiguée qu’à partir de 1824/1854, moment à partir duquel il devint possible de développer une exploitation agricole sur plusieurs milliers d’hectares. Par ailleurs, en 1248 l’impressionnant éboulement d’une partie de la montagne dite du « Granier » rendit inexploitable tout une partie du sol.
Peu d’informations nous sont parvenues sur la vie de Montmélian de la période Gallo-romaine aux Carolingiens. A partir du XIIème siècle, Montmélian commence néanmoins à faire parler d’elle avec le conte de Savoie Amédée III (1103-1148), gendre du comte d’Albon. Les enjeux de succession opposèrent rapidement les deux hommes et en 1142 Montmélian fut assiégée. Au-delà de cet épisode tragique, Amédée joua un rôle clé dans l’histoire de Montmélian, en faisant de la citadelle sa capitale.
Le développement de Montmélian aurait pu être tout autre. Au Moyen-âge, avant que la maison de Savoie ne s’installe à Chambéry, Montmélian fut souvent fréquentée par une cour alors nomade. La vie religieuse s’y développa également.
Montmélian, disputée par François 1er, Henri IV et Louis XIV
Montmélian fit ensuite son chemin, un chemin qui la conduira sur celui de François 1er puis d’Henri IV avec l’arrivée des guerres franco-autrichiennes. Car bien que la Savoie décida de soutenir François 1er lors de la bataille de Pavie en 1525, Charles III de Savoie fit valoir sa préférence pour l’empereur Charles Quint dans le conflit opposant la France à l’Autriche en 1536. Il provoqua par là même l’envoi des troupes françaises en Savoie et la prise du fort de Montmélian qui fut entraîné dans le conflit. L’histoire se répèta quelques années plus tard avec le duc Charles-Emmanuel II, allié de l’Espagne alors en conflit avec la France. Henri IV répliqua en envoyant ses troupes en Savoie. La Bresse et Chambéry furent occupées et Montmélian fut attaquée et prise à son tour par le Duc de Sully.
La citadelle connaît de nouveau deux sièges décisifs sous Louis XIV et pas n’importes quels sièges puisqu’ils occuperont le pouvoir royal pendant près de 3 ans et demi !
Encore une fois, l’histoire ne s’arrête pas là et le fort de Montmélian est de nouveau mis à rude épreuve sous Louis XIII et Louis XIV. La Savoie soutint une fois de plus l’Espagne dans son conflit contre la France et Louis XIII occupa Chambéry en 1630, puis Rumilly et Annecy. La ville de Montmélian fut prise un mois plus tard. La citadelle connut de nouveau deux sièges décisifs sous Louis XIV. Et pas n’importes quels sièges puisqu’ils occuperont le pouvoir royal pendant près de 3 ans et demi ! En 1686, une partie des états européens se lièrent contre la France. La Savoie y vit une opportunité de se libérer de la tutelle française se qui lui vaudra d’être à nouveau occupée par les troupes françaises. Le siège de Montmélian commença le 7 septembre 1690. La ville subit des bombardements incessants et fut incendiée, les pénuries d’eau et les maladies finirent par faire tomber la ville le 21 décembre 1691. Mais le conflit repartit de plus belle en 1703. Malgré le courage de ses défenseurs, la ville finira une fois de plus par se rendre en 1705 en raison de la famine. La ville fut détruite et en 1706, il ne reste presque plus rien de la citadelle.
Voici donc comment s’achevèrent la fin des épopées guerrières de Montmélian et de son fort, la ville de mon enfance !
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