Mosquée bleue d'Istanbul - Photo by Adli Wahid

Voyage dans le temps en Turquie : rapide histoire d’Istanbul

Quel meilleur moyen pour remonter le temps qu’un voyage à travers la Turquie ? Des Hittites à l’Empire Ottoman en passant par les Grecs et les Romains, la Turquie est située au croisement d’époques et de civilisations qui ont marqué son histoire. Entre l’Europe et l’Asie, à la fois antique et moderne, religieux et laïc, ce pays semble être fait de diversités et de contradictions qui le rendent unique et fascinant.

S’il est difficile d’appréhender cet ensemble fourmillant de richesses en un seul voyage, j’ai du moins essayé d’en saisir une partie. Départ d’Istanbul, puis cap sur la Cappadoce, région célèbre pour ses étranges paysages aux cheminées de roches, ses villes souterraines et ses troglodytes taillés dans le tuf. Enfin notre voyage s’achève avec un aperçu de sa côté Egéenne pour un saut de plus de 2000 ans dans le temps à la rencontre des Grecs et des Romains.

Première partie du voyage, Istanbul

Comment ne pas tomber sous le charme de cette cité qui nous fait remonter le temps à chaque pas ? Ou plutôt sous nos pas où se cachent les vestiges d’une ville à l’histoire pluri-millénaire marquée par la succession de trois différents empires. Istanbul a été Byzance, la nouvelle Rome, Constantinople, puis enfin la capitale de l’empire ottoman. Elle se trouve à cheval sur deux continents et a été pendant des siècles une des villes les plus puissantes de son temps.

Née au VIIème siècle avant J.C., la ville n’était alors qu’un petit village de pêcheurs. Elle sera des siècles plus tard intégrée à l’empire romain et connaîtra un véritable développement en 300 après J.C. sous l’empereur Constantin. Capitale de l’empire romain d’Orient puis de l’empire byzantin et enfin de l’empire ottoman suite à sa conquête en 1453, Istanbul est faite de siècles d’histoire qui s’empilent les uns au dessus des autres. Chaque mètre sous terre nous projette ainsi plusieurs siècles en arrière.

Son nom seul rappelle la richesse de ce passé. Elle fut pour les Grecs et les Romains « Byzantium », elle fut la « nouvelle Rome » puis Constantinoupolis, ville de l’empereur Constantin qui posa les bases de cette ville majestueuse dès 330. Quant au nom « Istanbul », plusieurs explications sur l’origine du nom ont été admises. Istanbul pourrait ainsi venir de « Hé polis », signifiant « ma ville », manière simple pour les byzantins de désigner leur ville, ou encore du grec « eis ten polin » signifiant « vers la ville », expression que les musulmans auraient pu emprunter aux Grecs.

Pendant près de 1000 ans, Constantinople constitue la ville la plus opulente et la plus puissante du monde chrétien.

Fondée en 330 après J.C. par Constantin, la petite ville connaît un développement rapide. Elle atteindra son apogée sous l’empereur Justinien au VIème siècle, la dotant d’un palais construit près de l’hippodrome, d’édifices publics, d’églises etc. Pendant près de 1000 ans, Constantinople constitue la ville la plus opulente et la plus puissante du monde chrétien. Mais en 1204, avec la quatrième croisade, la ville, pourtant chrétienne, est mise à sac par les croisés. La cité attise aussi la convoitise de ses voisins ottomans qui tentent à plusieurs reprises de s’emparer de ses murailles dites imprenables.

La ville attise aussi la convoitise de ses voisins Ottoman qui tentent à plusieurs reprises de s’emparer de ses murailles dites imprenables.

1453, la prise de Constantinople

Au XIVème siècle, le sultan Bayezid tente de s’emparer de Constantinople mais en vain. La ville est sauvée grâce à l’intervention de ses alliés européens. En 1410 et 1422, d’autres tentatives ont de nouveau lieu mais se soldent encore une fois par un échec. La ville semble imprenable. Pourtant, en 1453, un jeune sultan, Mehmet II, change le cours de l’histoire en s’emparant de la ville suite à un siège historique. Mais c’est une capitale affaiblie que Mehmet conquiert (selon les chroniqueurs de l’époque, la ville jadis pleine de vie, ne comptait plus que 50 000 habitants) et dont les alliés européens lui font défaut. Malgré tout, la ville ne se laissa pas prendre si facilement.

Il fallut six semaines de bombardements incessants pour mettre à bas ses fortifications. Le 29 mai 1453 est donné l’assaut final par les Turcs contre la ville et des dizaines de milliers d’entre eux pénètrent dans la ville. Le dernier empereur de Byzance, Constantin XI, meurt dans un ultime combat. La ville ayant refusé de se rendre, c’est le droit de conquête qui prime et les habitants de Byzance sont réduits en esclavage.

Quelques heures plus tard, Mehmet II entre dans la ville conquise et se rend à l’église Sainte-Sophie, dite Haghia Sophia. Elle sera rapidement transformée en mosquée. Mehmet II décide de faire de la ville sa capitale et s’emploie rapidement à son repeuplement. On dénombrerait en 1477, environ 60 000 personnes dont 42% seraient des Grecs, des Juifs, et des Arméniens, faisant d’Istanbul une véritable entité multiculturelle et religieuse. La ville évoluera ensuite au rythme de l’empire ottoman. De son apogée sous le règne de Soliman le Magnifique, à ce qui est considéré comme le « déclin de l’empire ottoman », jusqu’à la fin de l’empire suite à la signature du traité de Sèvres en 1920. Occupée par les alliés de 1921 à 1923, Istanbul perd son statut de capitale au profit d’Ankara qui devient la capitale de la République de Turquie impulsée par Mustafa Kemal.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire d’Istanbul, je vous conseille de lire : 

« Istanbul et la civilisation ottomane » de Bernard Lewis (collection Texto)

« Les Turcs, de la splendeur ottomane au défi de l’Europe », Les collections de l’histoire, n°45, octobre 2009

La sublime Hagia Sophia, Istanbul. Crédit photo Photo by Photo by Adli Wahid