Vaste espace funéraire découvert à Lyon

Un vaste espace funéraire du IV-VIIème s. découvert à Lyon

© Romain Etienne Item, Inrap

17 octobre 2015 – L’Institut national de recherches archéologiques préventives, l’Inrap, a mis au jour un vaste complexe funéraire dans le 5ème arrondissement de Lyon. Cette nécropole aurait été établie entre deux églises paléochrétiennes, Saint-Irénée et Saint-Just, entre le IVème et le VIIème siècle. Le site abriterait près de 600 sépultures qui pourraient nous en apprendre davantage sur les pratiques funéraires de l’époque paléochrétienne.

Cet espace funéraire vieux de 1500 ans est placé sur le versant oriental de la butte dominée par l’église de Saint-Irénée près de la colline de Fourvière. À l’époque romaine, cet endroit était situé à l’extérieur de la ville. À partir du IVème siècle, avec l’édification de l’église Saint-Irénée qui abrite les corps des premiers évêques sanctifiés de Lyon, Saint Irénée et Saint Just, la vocation funéraire du lieu se renforça et s’étendit aux parcelles voisines. Le cimetière perdura jusqu’au VIIème siècle.

Les fouilles ont révélé des pratiques funéraires variées. Les archéologues ont ainsi mis au jour essentiellement des cercueils en bois, mais aussi des sarcophages en pierre faits de demi-cuves accolées, des amphores ayant contenu des nouveau-nés, des coffrages de tuiles et des tombes en pleine terre. Des fragments d’architecture plus anciens ont parfois été réemployés pour la construction de ces sépultures. La cuisse d’une statue en marbre marque ainsi l’emplacement d’une tombe, tandis que la jambe d’une autre sert de calage pour un coffrage de bois. Les archéologues ont également découvert une frise comportant un griffon qui a été retaillée pour la fabrication d’un sarcophage. Quelques fragments d’inscriptions funéraires paléochrétiennes indiquant l’âge ou le nom de défunts ont été retrouvés, sans que les archéologues puissent pour autant les associer précisément à une sépulture.

Les débuts du christianisme au IVème siècle

Les vestiges archéologiques pourraient nous permettre d’en savoir plus sur l’époque paléochrétienne qui n’a laissé que de rares documents historiques derrière elle. En 312, l’empereur Constantin accorda la liberté de culte aux chrétiens par l’édit de Milan. Pour autant, il semblerait que le christianisme ait mis du temps à s’imposer et à remplacer le paganisme dans les anciennes provinces de l’empire romain. Il aurait fallu plus de six siècles pour qu’elles deviennent majoritairement chrétiennes. Si l’Asie Mineure et l’Égypte ont été largement christianisées aux IIIème et IVème siècles, le phénomène aurait été beaucoup plus long en Grèce.

En Gaule, le processus fut progressif. La première référence de l’existence d’une communauté chrétienne est une lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne qui raconte la persécution de l’empereur Marc Aurèle à leur égard en 177. C’est seulement à la fin du IVème siècle que l’ensemble des capitales régionales fut pourvu d’un évêque. C’est à partir de la fin du VIème siècle que les chapelles rurales commencèrent à se multiplier, montrant ainsi que la christianisation atteignit les campagnes.

En savoir plus sur le site de l’inrap.