Direction Ljubljana à la découverte de la capitale de la Slovénie, l’une des plus petites d’Europe et pourtant si riche. Son architecture imprégnée de la mémoire de Jože Plečnik, célèbre architecte du XIXème siècle qui fait aujourd’hui la fierté des Slovènes, ses bâtiments aux couleurs vives et chaleureuses, ses rues piétonnes, son ambiance accueillante, ses légendes et bien sûr son histoire font de Ljubljana une destination incontournable de la Slovénie. Trouvant ses racines dans la mythologie grecque, marquée par l’occupation romaine et de nombreuses autres civilisations, carrefour des routes commerciales reliant l’Italie aux Balkans, quelle est l’histoire de cette formidable capitale?
Occupée dès le néolithique, Ljubljana, à l’image du reste du territoire correspondant aujourd’hui à la Slovénie (cf. post sur l’histoire de la Slovénie), fut forgée par de nombreux peuples. Romains, Celtes, Slaves, Francs, elle n’échappa pas non plus aux invasions des Huns. Elle fut ensuite assujettie à l’empire des Habsbourg jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale, une domination brièvement interrompue par les conquêtes de Napoléon Ier le temps des provinces illyriennes dont Ljubljana fut la capitale. Avec la chute de l’empire austro-hongrois en 1918, la ville devint la capitale d’une des six républiques formant la Yougoslavie et l’un des centres économiques les plus importants. Ljubljana est depuis le 25 juin 1991 la capitale de la Slovénie devenue indépendante.
Ljubljana, de l’empire romain au Moyen-Âge
Le cœur historique de la ville fut habité il y a plus de 4000 ans, entre l’âge de bronze tardif et l’âge de fer. Cette population a laissé quelques traces, des sépultures sous forme d’urnes ont été mises au jour par les archéologues. Le site continua à se développer et atteignit son apogée au IXème siècle et VIIIème avant notre ère avant d’entrer dans une phase de déclin. Avec l’arrivé des Romains Ljubljana adopta un nouveau rôle, celui de camp de base militaire. Ljubljana portait alors le nom de « Emona » puis devint « Lulia Aemona. Entre 100 et 50 avant J.C., une porte militaire fut ainsi bâtie sur la rive gauche de la Ljubljanica, la rivière qui traverse la ville. Puis vers l’an 15, la petite ville se dota d’un mur d’enceinte. Le site était en particulier occupé par des marchands, fonctionnaires et militaires à la retraite. Au Vème siècle, la ville fut victime d’une invasion hongroise avant de connaître les Slaves qui s’y seraient installés au VIème. Peu d’informations nous sont cependant parvenues sur cette période et sur l’histoire de Ljubljana jusqu’au haut Moyen-Âge.
Dès l’an mille, Ljubljana fut soumise à une première autorité féodale. Elle revint sur le devant de la scène sous la dynastie des Spanheim en 1106, une famille noble carinthienne qui hérita Ljubljana de la famille Breze-Selskih. La ville fut ainsi mentionnée sur l’acte de donation (sous le nom de Laibach). Cette nouvelle famille dynastique contribua fortement au développement de la ville qui surpassa celle de Kranj et de Kamnik (siège des Andechs, la famille la plus puissante de la Carniole jusqu’au XIIIème siècle), deux autres puissantes villes médiévales de la région. En 1335, la ville fut rattachée à l’empire des Habsbourg, elle le restera jusqu’en 1918. La fin du Moyen-Âge est marquée par la montée d’une identité slovène (cf. article sur l’histoire de la Slovénie) qui n’épargne pas Ljubljana. Au XVIIème siècle, la ville fonde sa propre académie scientifique et devient l’un des centres culturel les plus importants d’Europe centrale.
Le château de Ljubljana
Je vous propose à présent de découvrir brièvement l’histoire de Ljubljana à travers celle de son château. Dressé sur une imposante colline au dessus de la capitale à 376 mètres d’altitude, le château de Ljubljana joua un rôle essentiel dans son histoire. Il connut de bien différentes fonctions tout au long de sa vie. Les Spanheims, la dynastie des princes provinciaux qui régna sur Ljubljana au XIIème siècle, y firent battre leur monnaie. Le château connut un véritable essor sous les Habsbourg, en particulier pendant l’invasion turque où il joua un rôle clé. Il servit au XVIème siècle de résidence au gouverneur de la province de la Carniole pour être finalement utilisé par les Français sous l’occupation napoléonienne, comme hôpital militaire. Pendant des siècles, le château abrita des prisons. Appartenant à la ville depuis 1905, il fut progressivement transformé en bien culturel. Partons à la découverte de ce monument qui illustre l’histoire de Ljubljana.
Cet endroit perché sur les hauteurs de la ville servit dans un premier temps de refuge aux premiers habitants de la ville, deux millénaires avant notre ère. Il s’agissait également d’un lieu stratégique qui leur permettait d’assurer un contrôle du trafic fluvial. Le site aurait également joué un rôle sous les Romains. Il aurait pu abriter un poste militaire ainsi qu’un temple, mais aucun vestige n’a encore été découvert pour le prouver. Le château fit de nouveau parler de lui au Moyen-Âge sous la famille des Spanheim. Il devait s’agir à l’époque d’une fortification en bois. Des pièces de monnaie en plomb datées de 1164 et de 1183 y ont été retrouvées. Au XIIIème, un second édifice, le « château de Spanheim » se dressait au dessus de la ville. La première représentation du château qui nous soit parvenue, remonte à 1338. A la fin du XIIIème siècle, Ljubljana et son château furent confrontés à une menace de taille, celle du roi tchèque Otokar II Premysl qui mit la main sur les biens de la dynastie. La famille cessa alors de régner et en 1335, ce furent finalement les Habsbourg qui prirent le contrôle de la Carniole et de Ljubljana.
Le château devint un élément stratégique clé devant la menace ottomane qui frappa la ville pour la première fois en 1415. Cela se traduisit notamment par le renforcement du mur d’enceinte de la ville entre 1416 et 1448 puis entre 1463 et 1478. Le château connut de profonds changements sous le règne de l’empereur Frédéric III de Habsbourg (1415-1493) qui souhaitait renforcer son pouvoir sur la région (« la tour de Frédéric » du château comporte d’ailleurs des initiales qui illustrent bien cette ambition : A.E.I.O.U. Il s’agit de l’abréviation d’une phrase pouvant se traduire en français par « L’Autriche est destinée à régner sur l’univers« ) . La vieille fortification des Spanheim fut rasée et un nouvel édifice émergea, plus adapté à l’époque (tours, ponts-levis, fossés de défense etc. furent aménagés). La chapelle Saint-Georges du XVème siècle est l’un des bâtiments les mieux conservés du château et se visite encore aujourd’hui.
Mais l’histoire de la Slovénie est également marquée par un terrible tremblement de terre en 1515 (cf. posts sur l’histoire de Bled et Skofja Loka). S’il épargna le château de Ljubljana, ce dernier en subit malgré tout des conséquences indirectes. Un chroniqueur du XVIIème siècle, Janez Vajkard Valvasor, parle ainsi d’un soulèvement de paysans qui s’en prirent au château. L’attaque aurait cependant été repoussée. Plus tard, les habitations du gouverneur de la province furent aménagées le long de la muraille.
Mais à partir du XVIIème siècle, le château perdit progressivement son rôle stratégique de fortification et entra dans une phase de déclin. Pire, il devint une menace pour les habitants qu’il devait protéger. Devenu un entrepôt militaire où était stockée de la poudre, le château constituait en effet un danger lorsque la foudre tombait à proximité. La menace devint bien réelle à plusieurs reprises en 1630, 1686 et 1737 lorsque de tels incidents se produisirent. Au XVIIIème siècle, sous le règne de l’empereur Joseph II (1741-1790), le château fut transformé en prison. Enfin, son histoire prit une toute autre allure avec l’arrivée des troupes napoléoniennes en 1809, pendant l’époque des provinces illyriennes (1809-1813). Une caserne et un hôpital militaire y furent installés. Le retour des Autrichiens en 1815 redonna au château sa fonction de prison pour les habitants de la Carniole et de Carinthia. Le château conserva ce rôle jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Pendant la Première Guerre Mondiale, les prisons furent prises en charge par les occupants italiens puis par les Allemands à la capitulation.
Idée d’itinéraire pour une visite de la Ljubljana historique
Partons de la rivière Ljubljanica. Si elle nous parait aujourd’hui bien calme, nous offrant un agréable lieu de promenade, il n’en a pas toujours été ainsi. Ses crues dans le passé ont à plusieurs reprises causé de sérieux problèmes à ses habitants, si bien qu’en 1780 les autorités municipales mirent en place un plan de drainage et une partie de la rivière fut détournée.
Trois fameux ponts enjambent aujourd’hui la rivière, le « Triple pont ». Ils sont l’oeuvre des travaux de l’architecte Joze Plecnik (né en 1872), célébrité nationale en Slovénie. Ils relient la place Preseren à la vieille ville. Cette dernière, ancien espace médiéval marchand, mérite largement que l’on s’y attarde. La place conjugue art baroque et tout le génie de Joze Plecnik. Son apparence actuelle remonte à 1895 où elle fut réaménagée suite à un tremblement de terre. La place doit son nom au poète slovène, France Preseren (1800-1849) dont la statue se dresse fièrement sur le parvis. S’ajoute à cela la magnifique église de l’Annonciation à la couleur rose pastel, construite par l’ordre de Saint-Augustin au XVIIème siècle.
En traversant le « Triple pont », on peut se diriger vers le château mais son sans admirer au préalable la cathédrale baroque Saint-Nicolas construite sur les vestiges d’une église du XIIème siècle, le Palais épiscopal édifié en 1512, l’hôtel de ville du XVIIIème siècle et sa cour à arcades, les fontaines de Narcisse et des Rivières de Carniole (Poljanska Cesta).
Bonjour Jessica,
Ton article apporte des éléments de compréhension intéressants à propos de Ljubljana, qui est un concentré d’influences et propose malgré sa petite taille pour une capitale de nombreux sites historiques et culturels d’importance… J’ai eu l’occasion de visiter Ljubljana, il y a assez longtemps maintenant presque 20 ans. La ville m’a plu très rapidement, bien que ma découverte se soit inscrite dans un grand tour des Balkans en voiture pour une première approche de pays dont je connaissais encore bien peu de choses. Après être passée plusieurs fois à Ljubljana et avoir pris le temps de la redécouvrir, j’ai été frappée par une impression de forte stabilité, presque quelque chose de figé, d’apaisé et en même temps une ville qui se développe malgré tout assez harmonieusement. C’est en tout cas une ville agréable que tu donnes envie de découvrir en donnant des informations historiques vers lesquelles je vais renvoyer les lecteurs de mon blog.
A bientôt,
Sandrine
Bonjour Sandrine,
Merci beaucoup pour cet agréable commentaire et pour le lien pointant vers mon article. Cela fait toujours plaisir de pouvoir échanger des points de vue et des impressions sur des lieux visités. Cela m’a par ailleurs donné l’occasion de découvrir ton blog et ton article sur Ljubljana que j’ai trouvé très intéressant et donnant envie de visiter cette jolie ville. Il apporte par ailleurs de nombreux compléments d’informations par rapport à mon post où j’ai intégré un lien pointant vers ton article.
Au plaisir d’échanger sur d’autres destinations que nous aurions en commun.
A bientôt,
Jessica