Etonnante découverte de restes de chevaux de guerre dans l’Aube

© Annie Viannet, Inrap

15 février 2014 – A l’occasion de fouilles conduites à Bar-sur-Aube (Aube) par l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) pour vérifier la présence de la voie romaine d’Agrippa, les archéologues ont mis au jour des tranchées contenant des restes de chevaux. 

Une tranchée de 45 mètres a ainsi été découverte. S’y trouvait une quarantaine de carcasses de chevaux dont douze d’entre elles ont été finement fouillées. Il s’agissait de chevaux de trait, disposés les uns sur les autres, qui auraient été traînés jusqu’au bord de la tranchée avant d’y être glissés avec soin. La tête de chaque cheval reposait sur le poitrail du précédent, les membres relâchés vers le centre de l’excavation. Selon les archéologues, le soin et la régularité apportés à l’inhumation des dépouilles traduit l’attention et même le respect porté à ces chevaux. Ils auraient été enterrés dans un cours laps de temps. Certains avaient encore leurs sabots ferrés, d’autres ont été achevés ou abattus au sol par un coup porté derrière l’oreille. Des fers de chevaux et une boucle de harnais ont également été mis au jour dans cette fosse.

Selon les archéologues, ce charnier pourrait être lié aux champs de bataille des guerres napoléoniennes. En effet, la bataille de Bar-sur-Aube se déroula le 27 février 1814 et opposa les troupes françaises à l’armée de Bohème (coalition autrichienne, russe et bavaroise), sur un terrain situé à seulement 1 km à l’ouest de la fouille, à Ailleville. Or l’essentiel des forces se composait de bataillons d’artillerie à cheval et la division de cavalerie de Kellermann y perdit au moins 400 chevaux lors d’un assaut lancé contre les défenses russes. Cependant, à cette hypothèse s’oppose le plan en zig-zag de la tranchée qui ne correspond pas à une guerre de mouvement du début du XIXe siècle.

Une deuxième hypothèse également émise par les archéologues repose sur la présence à Bar-sur-Aube du quartier général du futur maréchal Joffre en 1914. La ville aurait pu être sécurisée par des lignes de fortification dont éventuellement ces tranchées militaires. Des chevaux blessés, redescendus du front situé à quelques dizaines de kilomètres au nord, auraient pu être soignés dans un hôpital vétérinaire spécialement affecté à ces malheureux compagnons d’armes (Croix Bleue). Enfin, une troisième hypothèse découlant de l’étude des ossements et des conditions d’enfouissement des chevaux, penche plutôt pour des tranchées de défense civile mises en place pendant la seconde Guerre Mondiale. Il existait en effet un site de réquisition de chevaux par l’occupation ainsi qu’un hôpital vétérinaire allemand (Pferdelazareth) à Bar-sur-Aube en 1940-41. Les chevaux auraient pu être vicitimes d’un incendie bien qu’aucun témoignage n’atteste d’un tel incident.

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