Tombeau étrusque mis au jour en Ombrie - Photo : SOPRINTENDENZA ARCHEOLOGIA DELL'UMBRIA

10 découvertes archéologiques majeures en 2015

30 décembre 2015 – Année sombre pour l’archéologie en Syrie et en Irak, 2015 aura malgré tout connu de très belles découvertes archéologiques et historiques. Je vous propose de revenir sur dix d’entre elles qui m’ont particulièrement marquée.

1. Tombe d’Amphipolis en Grèce, le mystère s’épaissit

C’est en 2014 que débutent les fouilles de cette tombe remontant à 325-300 avant J.C. D’une dimension colossale (500 mètres de circonférence), la tombe repose sous un tumulus artificiel de 30 mètres de hauteur. Il serait le plus grand identifié en Asie mineure et se situait autrefois dans une importante cité grecque. Sous le tumulus, la sépulture est gardée par deux énormes sphinx et des cariatides (statues de femmes servant de colonnes) de plus de deux mètres de haut.

Devant l’ampleur de cette tombe, la question de l’identité de son occupant s’est vite posée. Pourrait-il s’agir de la tombe d’Alexandre le Grand, de sa mère Olympias ou de son épouse Roxane? La sépulture malheureusement pillée a dans l’ensemble livré peu d’indices. En janvier 2015, la découverte de cinq squelettes, quatre enterrés et un incinéré, ne fait qu’épaissir le mystère. Ont été identifiés le corps d’une femme de plus de 60 ans, d’un bébé et de deux hommes âgés entre 35 et 45 ans.

En octobre dernier, la découverte de trois inscriptions pourrait résoudre une partie du mystère. Deux initiales feraient en effet référence à Hephaestion, général et grand ami d’Alexandre le Grand.  Espérons que l’année 2016 nous permette d’en savoir plus !

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Tombe d'Amphipolis
Tombe d’Amphipolis

2. La momie d’un moine bouddhiste retrouvée dans une statue

La découverte est pour le moins surprenante (elle remonte à décembre 2014 mais je tiens tout de même à la faire apparaître dans ce post). Un examen au scanner d’une statue bouddhique datant du XIème – XIIème siècle a révélé la présence d’un corps humain caché à l’intérieur. La statue était exposée au Drents Museum aux Pays-Bas et avait été amenée au Centre Médical Meander d’Amersfoort pour être examinée au scanner. Selon le chercheur Erik Bruijn, spécialiste de l’art bouddhique, il pourrait s’agir de la momie de Liuquan, un célèbre maître bouddhiste de l’Ecole de méditation chinoise. La momie ne contenait aucun organe.

Autre chose extraordinaire, des rouleaux de papiers recouverts d’anciens caractères chinois ont été identifiés lors de l’autopsie de la momie. Ils étaient placés là où se trouvaient autrefois les organes du défunt.

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Momie associée au maître Liuquan (Photo: Drents Museum)
Momie associée au maître Liuquan (Photo: Drents Museum)

3. Découverte d’une superbe tombe celtique dans l’Aube

En mars dernier, l’Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) avait mis au jour une tombe princière dans le département de l’Aube. Cette tombe celte datée du début du Vème siècle avant notre ère avait alors révélé un mobilier funéraire exceptionnel : un chaudron en bronze méditerranéen à têtes de lionnes et d’Acheloos (dieu-fleuve), ciste (seau) en bronze, un coutelas dans son fourreau, bassins en bronze, etc. Quant à l’occupant de cette tombe, il s’agissait d’un individu richement paré de bijoux et dont le sexe n’avait pas encore pu être déterminé en raison du mauvais état de conservation des ossements.

Depuis décembre, le voile est levé sur le sexe du défunt, il s’agissait d’un homme. Des analyses d’ADN pourront également être menées afin de déterminer de possibles filiations avec d’autres occupants de tombes, à l’exemple de deux sépultures de l’âge du fer qui pourraient potentiellement contenir des ancêtres de ce prince celte. 

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Tombe celte de Lavau
Tombe celte de Lavau

4. L’étonante sépulture de la dame de Quengo en Bretagne

Reliquaire en plomb de Louise de Quengo
Reliquaire en plomb de Louise de Quengo

En juin dernier, l’Inrap a mis au jour le corps de Louise de Quengo, une noble veuve bretonne décédée en 1656 à l’âge de 60 ans. Enfermé dans un cercueil de plomb, le corps a été exceptionnellement bien conservé, de même que l’habit religieux qui l’enveloppait : chasuble, robe de bure brune, chemise en toile, jambières, mules en cuir à semelles en liège, deux bonnets et une coiffe maintenue par un bandeaucape. Les mains jointes de la défunte tenaient un crucifix tandis qu’un suaire recouvrait son visage. Ce type d’habit religieux était répandu chez les élites laïques, autorisées à le porter lors de cérémonies importantes mais il est possible que Louise de Quengo ait adopté la vie monacale après son veuvage.

Emouvante découverte, la noble dame a été enterrée avec le reliquaire en plomb du cœur de son mari, Toussaint de Perrien, chevalier de Brefeillac (décédé en 1649). Cette sépulture livre un témoignage rare des pratiques funéraires des élites du XVIIe siècle et de l’histoire de la médecine. Le coeur de la défunte a été prélevé, révélant ainsi une réelle maîtrise de la pratique chirurgicale.

Le site où a été retrouvé Louise de Quengo, le couvent des Jacobins à Rennes, est fouillé depuis 2011 par l’Inrap. Entre le XVème et le XVIIIème siècle, cet établissement religieux est devenu un important lieu de pèlerinage et d’inhumation. Ainsi, environ 800 sépultures y ont été mises au jour par les archéologues. Quatre autres cercueils de plomb, datés du XVIIe siècle, ont également été retrouvés. Ils étaient aussi accompagnés de reliquaires en forme de cœur.

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Cerceuil en plomb de Louise de Quengo
Cerceuil en plomb de Louise de Quengo

5. Une cité engloutie de 4500 ans mise au jour en Grèce

En août 2015, les vestiges d’une cité fortifiée de l’âge de Bronze sont mis au jour dans une baie du Péloponnèse en Grèce. Une importante découverte qui devrait permettre d’en savoir plus sur cette période de l’histoire de la Grèce. Ces vestiges reposaient sous l’eau, à 1 à 3 mètres de fond. Ils recouvraient une superficie d’au moins 1,2 hectare.

Les archéologues ont découvert des structures défensives en pierre qui seraient d’un genre encore inconnu en Grèce pour cette période. Des murs de fortification et les fondations de trois grandes structures en pierres en forme de fer à cheval ont ainsi été identifiés. Cette forteresse engloutie a été mise au jour dans le cadre d’un projet d’archéologie sous-marine conduit par les chercheurs de l’université de Genève, sous l’égide de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce et en collaboration avec le service des antiquités sous-marines du ministère grec de la culture.

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Vestiges de la cité engloutie mise au jour dans la baie de Kiladha en Grèce
Vestiges de la cité engloutie mise au jour dans la baie de Kiladha en Grèce

6. Découverte de nouveaux géoglyphes Nazca au Pérou

24 nouveaux géoglyphes auraient été identifiés sur le plateau de Nazca au Pérou, à 1,5 kilomètre au nord de la ville de Nazca. Ces gigantesques dessins tracés sur le sol et visibles en hauteur ont été découverts par une équipe de chercheurs japonais. Selon ces derniers, ces nouvelles figures pourraient être antérieures (200-400 avant J.C.) aux célèbres géoglyphes de Nazca (400-650 après J.C.) inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.

Ces 24 géoglyphes seraient plus petits et moins précis que les fameux géoglyphes Nazca connus pour leur forme de singe, de colibri ou d’araignée. Peu visibles à l’œil nu en raison de l’érosion des lignes, ces gigantesques dessins ont pu être identifiés grâce à un laser scanner 3D. Selon l’équipe japonaise, certains de ces nouveaux géoglyphes pourraient représenter un lama. Ils sont l’œuvre de la civilisation Nazca qui vécut entre le IVe siècle avant J.-C.  et le IVe siècle après J.-C.

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Nouveaux géoglyphes Nazca identifiés -  Photo: Yamagata University
Nouveaux géoglyphes Nazca identifiés – Photo: Yamagata University

7. Rares fresques romaines découvertes à Arles

Fresque romaine découverte à Arles
© J. Boislève/ Inrap – Fresque romaine découverte à Arles

Des fresques exceptionnelles de l’époque romaine ont été mises au jour à Arles en juillet dernier. Mettant en scène des personnages très finement travaillés, ces peintures murales ont dévoilé un style de représentation extrêmement rare. Une première campagne de fouilles avait révélé en 2014 dans une pièce associée à une chambre à coucher, un rare décor peint de deuxième style pompéien, daté entre 70 et 20 avant notre ère.

Dans la pièce voisine récemment fouillée, les archéologues ont découvert un décor unique en France. Il appartient également au deuxième style pompéien mais présente une variante jusqu’à présent inédite en France. La fresque insère en effet dans l’architecture fictive des personnages de grande taille. La qualité et la finesse de la représentation des visages, des corps et des vêtements ainsi que la richesse des pigments témoignent d’un travail d’atelier extrêmement qualifié, venant probablement d’Italie. Le deuxième style pompéien n’a jusqu’alors été identifié  que sur une vingtaine de sites en France. Le site d’Arles offre ainsi la possibilité pour les chercheurs de mieux comprendre la diffusion de cette mode dans le sud de la Gaule.

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8. Un autre Stonehenge ?

En septembre 2015, les vestiges d’un autre monument mégalithique ont été mis au jour. En effet, 90 pierres couchées et enterrées sous un mètre de terre ont été découvertes à trois kilomètres du célèbre site de Stonehenge grâce à des techniques de prospection géophysique.

Ce site imposant daterait de près de 4500 ans, ce qui en ferait un site contemporain ou antérieur à Stonehenge selon le Stonehenge Hidden Landscapes Project en charge du projet. Le monument aurait pu compter jusqu’à 200 pierres. D’après l’archéologue Wolfgang Neubauer, les pierres manquantes auraient pu être utilisées pour la construction de Stonehenge. Une découverte qui change l’histoire du site selon l’archéologue. 

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Site de Stonehenge dans la plaine de Salisbury
Site de Stonehenge dans la plaine de Salisbury

9. Tombe de Toutankhamon : possible existance d’une chambre secrète

La tombe de Toutankhamon n’en finit pas de nous surprendre ! En août dernier, l’égyptologue Nicolas Reeves a émis une extraordinaire hypothèse : deux pièces inconnues pourraient se trouver dans le tombeau du célèbre pharaon de la XVIIIe dynastie. Selon l’archéologue, ces deux pièces pourraient abriter la sépulture de la reine Néfertiti, épouse du pharaon Akhénaton, père de Toutankhamon. Nicolas Reeves aurait en effet repéré sur des images de haute précision ainsi que sur des relevés 3D, des fissures et des tracés linéaires sous les couches de peintures du tombeau qui pourraient indiquer la présence de deux portes cachées.

En novembre dernier, les résultats d’explorations radar et thermographieinfrarouge du tombeau de Toutankhamon venant s’ajouter à des tests menés par HIP et les équipes du projetScan Pyramids, ont confirmé la présence d’anomalie. Si le tombeau de Toutankhamon abrite réellement une autre sépulture, à qui pourrait-elle appartenir ? Certains spécialistes estiment que l’on connaît déjà la momie de Néfertiti. Pourrait-il alors s’agir du tombeau d’une autre des épouses du pharaon Akhénaton ou de sa fille Mérytaton ?

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Tombeau de Toutankhamon - © KHALED DESOUKI / AFP
Tombeau de Toutankhamon – © KHALED DESOUKI / AFP

10. Découverte d’une tombe étrusque intacte

Une tombe de la civilisation étrusque (Xème-Ier siècle avant J.C.) datant du IIIème-IVème siècle avant J.C. a été découverte en Italie (région de l’Ombrie) en novembre dernier. Chose extraordinaire, la tombe a été retrouvée inviolée, à la différence de la plupart des tombes étrusques qui ont malheureusement été pillées. Cette sépulture devrait donc livrer de précieux indices aux archéologues sur cette civilisation méconnue.

De nombreux vestiges ont été excavés par les archéologues : quatre urnes funéraires en marbre, une tête en marbre qui pourrait représenter la tête d’un jeune homme, et deux sarcophages. L’un des sarcophages mis au jour porte l’inscription « Laris » qui pourrait être celui du défunt. Le corps contenu dans le sarcophage est de sexe masculin, selon les chercheurs.

La civilisation étrusque commença à prospérer vers 900 avant J.C. Elle domina une partie de l’Italie avant de progressivement décliner vers le Vème sicèle avant J.C. et d’être finalement absorbée par l’empire romain entre 300 et 100 avant notre ère.

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Tombeau étrusque mis au jour en Ombrie - Photo : SOPRINTENDENZA ARCHEOLOGIA DELL'UMBRIA
Tombeau étrusque mis au jour en Ombrie – Photo : SOPRINTENDENZA ARCHEOLOGIA DELL’UMBRIA
Je vous souhaite une très belle année 2016 !